Sylvie Guillaume (S&D). – Madame la Présidente, le système actuel de gestion des frontières extérieures de l’Union a montré ses limites. J’ai quelques questions à ce sujet.

La première concerne la réponse que donne la Commission. Ce que vous invoquez, c’est plus d’Europe; je suis d’accord, et cela correspond aux demandes du Parlement, qui s’est souvent exprimé en faveur d’un système européen de gardes-frontières à pilotage communautaire. Cela dit, sincèrement, comment allez-vous faire partager cette option aux différents États membres qui se plaignent de la porosité des frontières, mais qui, en même temps, refusent de travailler ensemble?

Ensuite, vous nous dites qu’une meilleure gestion des frontières doit passer par un renforcement de l’agence Frontex. Pourquoi pas, à la limite? Mais ceci étant dit, quels seront les contours exacts de Frontex Plus? Va-t-on enfin en finir avec le jeu de cache- cache des responsabilités auquel s’adonnent les États et l’agence? Les responsabilités respectives seront-elles clairement définies, ou bien Frontex Plus restera-t-elle le mauvais instrument bien pratique des États membres? Je n’irai pas plus loin sur ce paquet de propositions, et je me concentrerai sur quelques observations plus générales.

Qu’il s’agisse de la lutte contre le terrorisme ou des politiques migratoires, le contexte actuel appelle à toujours plus de réactions. Les sommets se multiplient, les ministres écrivent, la Commission enchaîne les annonces. Mais ne devrions-nous pas, paradoxalement, prendre un peu de recul? Cette accumulation de propositions risque de nous faire perdre de vue qu’il est essentiel de parvenir à une politique globale, coordonnée et intelligible.

Je mentionnerai ici deux exemples. Tout d’abord, quand j’entends que, pour compenser le manque de mise en œuvre des mécanismes de relocalisation d’urgence, on cherche à troquer une partie des responsabilités via le mécanisme de réinstallation depuis la Turquie, je ne peux que rester dubitative quant à l’orientation générale et à la lisibilité.

Par ailleurs, nous travaillons sur une proposition de la Commission concernant un mécanisme permanent de relocalisation. Or, les mécanismes d’urgence peinent déjà à être mis en œuvre, pour environ 200 personnes relocalisés. Nous devrions, je crois, prendre le temps nécessaire pour ce qui est des modalités d’application de ces dispositions et de leur efficacité.