La semaine dernière Charles Michel et Ursula von der Leyen se sont rendus en Chine afin de rencontrer le président Xi Jinping et le premier ministre Li Qiang. Si les différends semblent avoir été mis sur la table, manifestement il n’y a eu aucune avancée majeure concrète. Le Parlement européen a adopté pendant cette session un rapport sur l’avenir des relations avec la Chine.

Pour Raphaël Glucksmann, eurodéputé Place publique, en charge des affaires étrangères, des ingérences, du commerce international et des questions de défense, « Face à l’hostilité et à la compétition chinoise, les Européens doivent cesser d’être naïfs. A la poursuite de coûts de production toujours plus bas, nous nous sommes rendu dangereusement dépendants de Pékin et stratégiquement vulnérables. Pour la Chine de Xi Jinping, ce qui affaiblit les Européens est toujours bon à prendre. Loin d’exercer une quelconque pression sur Moscou, le PCC facilite la livraison de composantes et systèmes utiles à la guerre de Poutine en Ukraine. Aussi, il est temps de se faire entendre : une liste d’entreprises chinoises contournant les sanctions occidentales est prête ; elles doivent être sanctionnées par l’Union européenne au plus vite ».

L’autre préoccupation de Charles Michel et d’Ursula von der Leyen était le déséquilibre commercial. Sur ce sujet également la Chine a opposé une fin de non-recevoir. « Ce déséquilibre commercial se fonde aussi sur le mépris des droits humains : le travail forcé, et en particulier l’esclavage des Ouïghours. Le rapport réalisé à notre demande par l’université de Sheffield Hallam (Royaume-Uni), le Uyghur Rights Monitor et le Uyghur Center for Democracy and Human Rights est clair : une quantité substantielle de vêtements fabriqués par des Ouïgours subissant le travail forcé est introduite dans l’Union européenne » ajoute l’eurodéputé.

« Nous devons casser notre dépendance à l’appareil productif chinois : il est temps de changer de stratégie à l’égard de Pékin et de sortir de la situation de dépendance dans laquelle 40 années de politiques commerciales erronées ont plongé l’Europe. Défendre nos principes et nos intérêts stratégiques, cela doit passer par une législation pour lutter contre le travail forcé et par l’adoption à l’échelle européenne du devoir de vigilance des entreprises. C’est aussi se donner les moyens de mettre en place une politique industrielle ambitieuse permettant la relocalisation des productions stratégiques, comme les voitures électriques, les semi-conducteurs ou les panneaux photovoltaïques. Dépendre du régime chinois, qui s’autorise à restreindre les exportations de biens critiques, c’est consentir à vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête » conclut Raphaël Glucksmann.