Le Parlement européen pourrait adopter aujourd’hui un rapport d’initiative appelant à supprimer complètement le blocage géographique, y compris pour les œuvres audiovisuelles et cinématographiques. Un tel vote redéfinirait négativement les contours de notre paysage audiovisuel et cinématographique. Pour rappel, le blocage géographique consiste à empêcher l’accès à certains biens ou services audiovisuels aux mêmes conditions dans un autre État membre. La délégation de la gauche sociale et écologique votera les amendements qui permettront de protéger la création audiovisuelle et cinématographique.

Pour Sylvie Guillaume, eurodéputée socialiste en charge de la culture, « l’enjeu, c’est de protéger la richesse et la diversité de notre patrimoine européen : le blocage géographique est actuellement un outil pour la vitalité économique des secteurs audiovisuels et cinématographiques, déjà fragilisés par la pandémie de covid 19 et il est un rempart contre l’uniformisation culturelle. En effet, les œuvres produites ne sont pas de simples biens de consommation, mais des manifestations de notre richesse, la diversité de nos identités culturelles. La territorialité des droits et les clauses d’exclusivité sont indispensables à l’écosystème de la création ».

La fin du blocage géographique entraînerait des dégâts très concrets : des coûts supplémentaires (de publicité/mise en valeur, de sous-titrage ou doublage de l’ensemble des catalogues…) qui finiraient invariablement par retomber sur les consommateurs ou encore une uniformisation culturelle pour répondre aux attentes de publics plus larges, au détriment donc des plus petits pays.

« Les grands acteurs du monde des plateformes – pour la plupart extra-européens – seraient les seuls en capacité d’investir dans des licences englobant tout le marché européen renforçant encore leur monopole mondial » ajoute l’eurodéputée.

« L’objectif de ceux qui souhaitent la fin du blocage géographique peut sembler louable, et nous partageons l’idée d’une culture diffusée à l’échelle européenne sans restriction indue ; mais nous ne pouvons pas plaider pour la fin de la territorialisation des droits sans avoir imaginé préalablement des modes de financements alternatifs pour préserver sa diversité » conclut Sylvie Guillaume.