Le Parlement européen a débattu avant hier de la situation politique au Liban ; il adoptera une résolution aujourd’hui, alors que le processus de formation d’un gouvernement a enfin abouti vendredi dernier, après trois gouvernements intérimaires depuis la dramatique explosion d’août 2020 dans le port de Beyrouth.

Pour Raphaël Glucksmann, eurodéputé Place publique membre de la commission en charge des affaires étrangères, et Nora Mebarek, eurodéputée socialiste qui a participé à une mission d’enquête au Liban, « l’urgence est avant tout d’aider la population libanaise, qui vit dans des conditions terribles depuis l’explosion. Plus de 70 % des Libanaises et des Libanais ont sombré dans la pauvreté en un an. Chômage de masse, inflation galopante, pénuries de nourriture, de médicaments, de carburant, d’eau courante et d’électricité… ces maux rendent la vie impossible ».

« Les premiers responsables de cette situation insoutenable sont les dirigeants politiques, vénaux, corrompus et irresponsables. Les libanais payent le prix fort d’un système politique vicié, aux nombreux abus et à la corruption omniprésente. Le nouveau gouvernement compte dans ses rangs des membres de l’ « establishment » ayant failli à préserver l’intégrité de l’État Libanais. Il est urgent que le peuple Libanais puisse élire librement de nouveau représentants.  La priorité est donc la tenue d’élections indépendantes, équitables et transparentes, en 2022. Une commission indépendante d’observation électorale, libre de toute influence gouvernementale, doit garantir le processus. » expliquent Nora Mebarek et Raphaël Glucksmann.

« L’autre volet, c’est celui de la justice et de la responsabilité. L’Union européenne doit sanctionner les dirigeants et les prévaricateurs à tous les niveaux, agents de la corruption systémique de l’État. Le pouvoir judiciaire doit être en mesure de d’apporter justice aux nombreuses victimes. Nos États peuvent le soutenir   en restituant au peuple Libanais les biens mal-acquis qui se trouvent sur le territoire européen. Nous devons prendre des sanctions européennes maintenant, sans délai. » ajoutent les deux eurodéputés.

« Dans ce qui se passe au Liban, il y a les victimes d’une double peine : les réfugiés palestiniens et syriens, qui constituent près de la moitié de la population, voient leurs conditions de vie encore aggravées, malgré l’extraordinaire travail accompli par l’UNRWA. Nous devons encore davantage soutenir cette Agence » concluent les membres de la délégation de la gauche sociale et écologique.