Les régions, ces poumons battants de nos territoires, sont aujourd’hui menacées de devenir les variables d’ajustement des politiques budgétaires de la France et de l’Europe. À travers elles, ce sont pourtant des projets concrets, indispensables à la transition écologique, aux transports, ou encore au développement économique, qui prennent vie. Grâce aux fonds structurels européens, c’est 18 milliards d’euros qui sont injectés dans les régions françaises pour la période 2021-2027.
Et pourtant, en France comme à Bruxelles, la tentation est grande de sacrifier ces territoires sur l’autel de la rigueur. D’un côté, le Gouvernement d’Emmanuel Macron impose chaque jour aux régions de trouver de nouvelles économies pour combler un déficit gonflé par des cadeaux fiscaux aux plus riches. De l’autre, la Commission européenne, sous l’impulsion d’Ursula von der Leyen, préparerait une réforme qui recentraliserait les fonds et marginaliserait les régions dans leur gestion.
Nora Mebarek, co-présidente de la délégation française du groupe S&D, tire la sonnette d’alarme à l’occasion d’un débat organisé au Parlement européen : « Cette réforme est une menace pour l’avenir de l’Europe. En effaçant le rôle des régions et des villes dans la gestion des fonds de cohésion, c’est l’essence même du projet européen que l’on met en péril. »
Mais ce n’est pas tout. « En liant la distribution des fonds à la mise en œuvre de réformes économiques décidées à Bruxelles, la Commission donne encore plus de pouvoir aux gouvernements centraux, au détriment des territoires, victimes d’une double peine. Derrière ces réformes se cachent des coupes sombres qui mettraient en danger des projets essentiels », prévient l’eurodéputée.
« Ce projet de réforme est un coup de force déguisé. Centraliser toujours plus, tout en excluant les acteurs locaux, c’est trahir l’esprit de la construction européenne et le principe de subsidiarité. C’est affaiblir la démocratie de proximité et dévitaliser nos territoires. Ceux qui soutiennent cette vision technocratique ne font que promouvoir un libéralisme dépassé, loin, très loin, des préoccupations de nos concitoyens », conclut avec gravité Nora Mebarek.
Dans ce combat pour les régions, c’est l’idée même de l’Europe que nous devons défendre : celle qui place les citoyens, et non les chiffres, au cœur de l’action politique.