Sylvie Guillaume (S&D). – Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, suite au Conseil européen de juin dernier, la Commission va donc se résoudre à proposer en septembre de nouveaux mécanismes d’exception dans l’espace Schengen. Malgré toutes les précautions oratoires empruntées, chacun pourra voir toutefois combien cela ressemble à s’y méprendre à un début de démantèlement de la libre circulation des personnes en Europe.
D’ailleurs, certaines déclarations ne trompent pas, comme celle qui justifie ce nouveau mécanisme comme nécessaire, je cite « pour pouvoir contrôler la liberté de circulation ». Est–il besoin de pointer la contradiction manifeste entre cette formule et l’opportunisme politique qu’elle traduit? Rappelons une nouvelle fois que des mécanismes de sauvegarde existent déjà et qu’ils ont fonctionné à plusieurs reprises déjà; il n’est nul besoin d’en créer un nouveau.
En fait, ce qui doit nous alerter avec la remise en cause de ce qui est un acquis fondateur et historique de la construction européenne, c’est qu’elle est le stigmate de la contamination du repli sur soi et du refus de la solidarité.
Ce n’est pas un hasard si la libre circulation est attaquée aujourd’hui; c’est un nouveau symptôme du délitement de la cohésion européenne et de la progression du virus nationaliste. On le voit aussi bien pour la crise de l’euro que pour de nombreux autres sujets. La devise de l’Union s’éloigne du « Unie dans la diversité », pour se rapprocher dangereusement du « chacun pour soi ».