Pervenche Berès (S&D). — Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, chers collègues, puisque, lors de ce Conseil européen, il faudra parler sans tabous et mettre tout sur la table, il me semble que l’état de la zone euro nous oblige à une réflexion en trois temps: le court terme, c’est l’urgence de la situation en Grèce, le moyen terme, c’est la stratégie de croissance, et le long terme, c’est notre vision de la zone euro et de notre « vivre ensemble ».

 

Sur le court terme, pour la Grèce, sachons que tous ceux qui ont imaginé qu’une sortie de la Grèce de la zone euro pourrait se passer sans heurts ne regardent pas la réalité en face, alors, qu’aucune muraille de Chine n’a pu être mise en place et n’existe aujourd’hui, pour le cas où la Grèce sortirait de la zone euro. Mais reconnaissons aussi que, sur la situation grecque, rien ne sera résolu si nous continuons à appliquer le mandat de la troïka, tel que les Grecs l’ont aujourd’hui refusé. Et si l’on ne pense pas le cadre général d’une reprise de l’activité économique, d’un retour à l’espoir, au dialogue, à la solidarité à l’échelle européenne, rien ne sera possible, ni en Grèce ni à l’échelle européenne.

 

Monsieur le Commissaire, l’élection de François Hollande, vous le savez, vous offre une fenêtre d’opportunité rare pour reposer ces questions dans d’autres conditions. Je ne suis pas d’accord avec M. Ferber pour dire qu’il n’existe qu’un seul modèle en Europe, celui de l’Allemagne. Nous sommes une union dans la diversité. Alors, saisissez cette fenêtre d’opportunité qui vous est offerte pour, enfin, apporter à l’Europe les solutions dont elle a besoin. Ces solutions passent par une stratégie de croissance, mais pas n’importe laquelle. Elle ne doit pas uniquement tenir compte du marché intérieur, ce qui serait une intégration négative. Ces solutions doivent également prévoir une vraie politique industrielle, qui nous permette de réaliser les investissements dont nous avons besoin, pour faire de notre Europe une Europe soutenable, créatrice d’emplois, où le principal gâchis ne serait pas cette génération qui est en train de sortir du marché de l’emploi.

 

Puis, Monsieur le Commissaire, reconnaissez que la façon dont on met, aujourd’hui, la pression sur la Grèce pour qu’elle reconstruise son administration, alors que rien n’est fait pour l’aider dans ses négociations avec la Suisse, pour que cesse l’évasion fiscale des plus privilégiés dans ce pays, est une source d’injustice que ni les Grecs, ni les Européens, ni les Français, ni les Britanniques, ni les Allemands ne devraient accepter.