Pendant que les spéculateurs menacent l’Euro, après les premières menaces de la France et de l’Italie sur la libre circulation des citoyens en Europe, le ministre danois des finances vient d’annoncer le rétablissement, d’ici deux à trois semaines, des contrôles douaniers à ses frontières avec l’Allemagne et la Suède, à la suite d’un accord intervenu entre son gouvernement et la formation d’extrême-droite anti-immigration du Parti du peuple danois.

 

Selon le ministre danois, cette mesure est destinée à « parer le problème de l’augmentation du crime transfrontalier constatée ces dernières années ».

 

Pourtant l’article 23 du Code Schengen est particulièrement clair à cet égard, quand il indique « qu’une menace grave à l’ordre public ou la sécurité intérieure peut exceptionnellement justifier la réintroduction du contrôle des frontières pour une durée maximale de 30 jours, éventuellement renouvelable tant que la menace subsiste ». La question est donc : le Danemark a-t-il constaté une telle menace et peut-il justifier que sa sécurité intérieure est en danger ?

 

La réponse est évidemment non puisqu’en réalité le gouvernement danois plie ainsi sous la pression de son extrême droite et ses pulsions populistes et xénophobes.

 

Bien entendu, le lien est vite fait avec le débat sur le rétablissement des contrôles aux frontières nationales de la zone Schengen, porté par les gouvernements français et italien. D’une certaine manière, les vannes étant ouvertes, l’un des gouvernements les plus à droite d’Europe profite de la brèche pour s’y engouffrer.

 

A la veille du Conseil Justice et Affaires Intérieures du 12 mai, qui réunira les ministres de l’intérieur de l’Union, la Commission est donc directement interrogée sur l’attitude à tenir par rapport à cette annonce. Devant un tel passage à l’acte, en contradiction avec les règles communautaires, elle doit cesser de tergiverser sur de possibles transgressions aux Accords de Schengen – comme suggéré par Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi -. Elle doit dire le droit. Et le droit est en Europe à la libre circulation, principe intangible et fondateur de l’Union.