Après les déclarations de Pierre Lellouche annonçant sans rougir que  « Le gardien des traités [européens], c’est le peuple français » et non pas la Commission ; après celles d’Eric Besson parlant à propos de la résolution votée par le Parlement européen, de « diktat politique » auquel le gouvernement français ne se soumettra pas, les vannes sont ouvertes et les membres de l’UMP se sentent autorisés à tenir des propos incroyables.

Ce matin, Chantal Brunel, députée et porte-parole de l’UMP, a déclaré à la radio belge RTBF que « la France est une nation souveraine ; on n’a pas des leçons de morale à recevoir d’une commissaire qui représente un petit pays [le Luxembourg] de 350 000 habitants. Nous sommes un grand pays de 57 millions d’habitants » (sic).

« Au-delà de l’incorrection totale de ce type de mise en cause d’un pays fondateur de l’Union européenne et de l’ignorance démesurée du fonctionnement des institutions européennes dans leur ensemble, ces déclarations ne font franchement pas avancer le débat, se désole Sylvie Guillaume, députée européenne socialiste membre de la commission Libertés civiles. Le sujet est suffisamment grave, les États membres et les populations concernées – les Rroms – dans de telles difficultés, pour que la majorité UMP française se dispense de propos aussi stupides que provocateurs. Mais, quand le sommet de l’État n’a plus aucune distance critique sur les évènements et réagit ainsi qu’il l’a fait ces dernières semaines, comment s’en étonner ? ».

Pour Catherine Trautmann, présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen, « ces propos sont intolérables : l’Union européenne ne connaît ni grands ni petits pays. Un Européen est l’égal d’un autre Européen, contrairement à ce que laissent entendre les propos démagogiques tenus par la droite ces derniers temps. ».

« Par ces propos, ajoute l’eurodéputée, Chantal Brunel montre qu’elle méconnait totalement le fonctionnement des institutions européennes, où chacun parlerait au nom de son pays. A la Commission européenne ou au Parlement européen, c’est l’intérêt général européen qui guide notre action, qui porte en l’occurrence sur les libertés fondamentales ».