Le discours sur l’état de l’Union prononcé aujourd’hui par la Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lui a permis de faire des annonces importantes, que nous appelions de nos vœux depuis longtemps.
Elle a promis de mettre en application l’interdiction, sur l’ensemble du marché européen, des importations de produits issus du travail forcé. Il s’agit d’une mesure primordiale pour lutter contre la mise en esclavage des Ouighours en Chine.
Il faut également saluer ses annonces sur les programmes « Alma » pour la jeunesse et « Hera » pour la santé. La nécessité d’un engagement accru pour construire une véritable Europe de la défense est reconnue et plusieurs initiatives sont annoncées.
Deux autres déclarations doivent permettre de répondre à des urgences fondamentales : les propositions pour lutter contre les violences faites aux femmes et l’augmentation des moyens pour préserver la biodiversité.
Néanmoins, nous regrettons l’absence de propositions concrètes et d’engagements dans plusieurs domaines que nous estimons prioritaires.
Sur la question des vaccins : Ursula von der Leyen s’adresse un auto-satisfecit mais reste sur une logique de dons de la part de l’Union européenne à destination des pays les plus fragiles. Or le constat est sans appel : quand 70 % de la population européenne est désormais protégée, ce n’est toujours pas le cas pour le reste de la planète. Malgré les appels du Parlement européen, la Commission européenne ne défend toujours pas la levée des brevets afin d’accélérer la vaccination dans le monde. Pourtant, d’un point de vue sanitaire comme économique, tant que tout le monde ne sera pas vacciné, personne ne sera à l’abri.
Autre sujet éminemment politique de la rentrée, la défense de l’État de droit au sein de l’Union européenne. Le Parlement européen s’apprête à poursuivre la Commission européenne, qui refuse d’utiliser la conditionnalité budgétaire liée à l’État de droit face à la Pologne et la Hongrie. Au moment où l’État de droit est dégradé de toutes parts, ou la primauté du droit européen est mise en accusation, quelle réponse apporte Ursula von der Leyen ? Un « dialogue » avec les pays concernés, sans développer un seul des problèmes.
Sur l’Afghanistan, nous constatons l’impasse du « en même temps » à la tête de la Commission européenne : Ursula von der Leyen promet 100 millions d’euros (additionnels par rapport aux précédentes annonces ?) pour l’Afghanistan et se dit « aux côtés du peuple afghan », mais rien n’est fait pour évacuer les Afghans en danger ou anticipé pour accueillir les réfugiés.
Cet auto-satisfecit est également décalé par rapport à la réalité concernant le climat : Ursula von der Leyen imagine l’Union européenne en « leader du climat », mais force est de constater que ni les accords de libre-échange, ni la loi Climat, ni les propositions « Fit for 55 » ne permettent, à ce stade, de respecter notre boussole à tous, l’Accord de Paris.
Un autre débat important pour l’Union européenne doit avoir lieu, celui de la réforme de la gouvernance économique : nous attendions des pistes plus claires pour une réforme du semestre européen, malheureusement rien de concret à ce sujet. En revanche, dans son discours, la présidente de la Commission européenne a abordé le chantier fiscal avec des mots forts et qui sonnent justes. « La justice sociale est aussi une question de justice fiscale » a-t-elle déclaré. Nous attendons, donc, maintenant que cela se traduise concrètement notamment par le nouveau paquet ressources propres annoncé par le Commissaire Gentiloni avec impatience. Ainsi que des avancées dans le domaine de la transparence fiscale sans compter la conclusion de l’accord OCDE. Mais tout cela dépendra évidemment de la bonne volonté des États.
Reste enfin les sujets absents de ce discours : le volet social était décidément bien vide, alors que la crise sanitaire a d’abord frappé les plus fragiles : pas de législation de lutte contre la pauvreté avec des objectifs contraignants et ambitieux comme nous l’appelions de nos vœux par exemple. Rien sur le droit à la déconnexion. Rien sur les travailleurs des plateformes. Rien sur l’agriculture non plus, ni sur la sécurité alimentaire européenne, ni sur la réforme de l’OMC et de l’OMS.
Nous nous réjouissons donc de certaines annonces d’envergure, dont nous espérons une mise en œuvre rapide et ambitieuse. Mais nous regrettons des omissions considérables que le contexte aurait dû imposer et que nous continuerons de dénoncer. Il nous revient de les combler par notre travail au sein de ce Parlement !