Les ministres du Conseil de l’Union européenne ont fait part de leur large opposition à la position votée par le Parlement européen en octobre d’allonger le congé maternité des européennes à 20 semaines, rémunéré à 100% ainsi que la création d’un congé paternité obligatoire de deux semaines.

Les arguments avancés, s’ils ne sont pas surprenants, n’en restent pas moins inacceptables. « Vu la situation économique et le Pacte de Stabilité, l’Allemagne ne peut se permettre cet allongement » a déclaré la ministre allemande de l’Emploi. Roselyne Bachelot a considéré que le passage à 20 semaines représentait « un coût considérable ». L’Italie a indiqué que l’indemnisation à 100% était « inacceptable ». La ministre belge de l’Emploi a résumé le débat en indiquant que pour une majorité des gouvernements « le Parlement est allé trop loin ».

La députée européenne UMP Elisabeth Morin-Chartier est même allée jusqu’à dénoncer « l’irresponsabilité et la démagogie du Parlement européen »

La mesure a un coût, en effet. Des études ont été menées et les parlementaires qui ont soutenu et voté ce texte ne l’ignorent pas. Mais il y a des éléments que la droite française et européenne font mine d’oublier, ce qui leur permet de rejeter en bloc cette avancée concrète vers l’Europe sociale.

Aujourd’hui en France, d’après une étude du ministère de la Santé de 2006, 88% des femmes enceintes françaises complètent d’ores et déjà leur congé maternité, dont la durée légale est de 16 semaines, d’un congé maladie ou de congés payés. Le surcoût existe donc déjà pour les entreprises et le système de protection sociale.

Par ailleurs, le coût à l’échelle européenne de cette mesure serait couvert par une augmentation de 1,04% du taux d’emploi des femmes dans l’Union. On le sait, les femmes sont plus touchées par le chômage que les hommes. Et la lutte contre le chômage est nécessairement l’une de nos priorités pour sortir de la crise.

Il est donc tout à fait coupable de la part de la droite européenne et les gouvernements de rejeter cette mesure.

La véritable question est donc la suivante : pourquoi refuser de mener une véritable politique pour l’emploi, et notamment pour l’emploi des femmes, qui permettrait de financer cette avancée sociale, et de nombreuses autres ?