Lors de la session plénière de Strasbourg, les eurodéputés auront à se prononcer sur le rapport de Mme Véronique Mathieu (UMP) sur une proposition de directive pour un permis unique de séjour et de travail pour les salariés migrants.
En s’alignant sur la position du Conseil, Mme Mathieu exclut toute une série de travailleurs migrants tels que les travailleurs saisonniers ou les travailleurs détachés du champ de cette directive, les privant ainsi de droits sociaux.
La délégation socialiste française refuse l’institution de travailleurs de deuxième et troisième catégories. Elle dénonce un projet discriminatoire qui vise à mettre en concurrence les ressortissants européens et les salariés migrants. Alors que l’Europe compte aujourd’hui, en raison de la crise, 23 millions de chômeurs, ce projet risque de favoriser un marché du travail selon l’origine, d’accentuer des tendances xénophobes et d’exacerber les tensions sociales.
« C’est le retour du principe du pays d’origine que nous avons combattu dans la directive Bolkestein, mais cette fois-ci le risque de dumping social n’est plus européen, mais mondial », alerte Pervenche Berès, Présidente de la commission de l’emploi et des affaires sociales.
« Si ce précédent voit le jour, aujourd’hui en distinguant les droits entre nationaux et migrants, c’est la porte ouverte à une casse annoncée du travail également entre nationaux » prévient Sylvie Guillaume, membre de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures.
Pour Catherine Trautmann, présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen, « Accueillir des travailleurs immigrés est une nécessité pour répondre aux défis démographiques et socio-économiques auxquels l’Union européenne est confrontée. C’est pourquoi la délégation socialiste française s’est battue pour des procédures harmonisées et équilibrées. Avec le groupe socialiste et démocrate, notre délégation votera tous les amendements permettant d’élargir le champ d’application de la directive et d’élargir les droits sociaux, permettant d’ouvrir une procédure de seconde lecture. En cas d’échec de cette stratégie, elle votera contre le rapport de Mme Mathieu ».