La délégation socialiste française a voté sans enthousiasme le budget européen pour l’année 2010, afin de ne pas porter préjudice au financement de la deuxième tranche du plan de relance européen (infrastructures énergétiques et internet à large bande), au lancement d’une nouvelle initiative européenne en faveur du microcrédit  (à hauteur de  25 millions en 2010) et à l’aide d’urgence en direction du secteur laitier (300 millions d’euros supplémentaires).

Consciente de ce saupoudrage, mais responsable politiquement, Estelle Grelier, titulaire de la commission des budgets, a d’abord rappelé « l’importance du vote du budget, un acte profondément politique ».

Avant de pointer les insuffisances de ce budget, elle est revenue sur l’historique du cadre financier : « En 2006, nous avions voté contre les perspectives financières pour les années 2007-2013. Mes prédécesseurs avaient dénoncé un budget de résignation, qui, par sa faiblesse, ne permettrait pas de développer des politiques novatrices d’envergure. Aujourd’hui, notre analyse se confirme : ce budget ne permet pas d’affronter la crise, et traduit l’absence de projet politique européen ».

Alors que la crise économique sans précédent que traverse l’Europe nécessiterait une réponse forte et commune de l’Union, le Conseil et la Commission européenne ont choisi de laisser les États membres développer leurs propres plans de relance. Pour Estelle Grelier, « cette absence de coordination et de volonté politique au niveau européen entrainent une concurrence entre les plans de relance nationaux, qui peuvent ainsi avoir un impact amoindri ».

Stéphane Le Foll, vice-président du groupe Socialistes & Démocrates en charge du budget et de l’agriculture, a dénoncé les « discours grandiloquents sur l’avenir de l’Europe de ceux qui ne se donnent pas les moyens de leur mise en œuvre. C’est une attitude cynique et mensongère, irrespectueuse du citoyen européen ».

Catherine Trautmann, présidente de la délégation socialiste française, a insisté sur « la nécessité de mener une réflexion sur les finalités du budget européen : les politiques qui gagneraient en efficacité si elles étaient prises en charge au niveau supranational doivent trouver les ressources nécessaires. Cet objectif impose de sortir le budget de l’Union européenne de son cadre actuel, contraint et inadapté. La nouvelle stratégie de croissance et la lutte contre le changement climatique doivent permettre de revoir nos moyens d’action collectifs ».