Au cours de cette session, le Parlement européen a débattu et adopté des résolutions sur la situation au Bélarus, en Russie après l’empoisonnement d’Alexei Navalny ainsi que sur la menace turque en Méditerranée orientale.
« L’enjeu est simple : l’Union européenne veut-elle et peut-elle devenir une puissance géopolitique ? » explique Raphaël Glucksmann, eurodéputé Place publique membre de la commission en charge des affaires étrangères. « Les sujets débattus, bien que différents, posent tous la même question : quand l’Union européenne, deuxième puissance économique mondiale, décidera-t-elle de ne plus être un nain géopolitique, baissant la tête face aux États qui la menacent et bafouent ses principes ? Si nous voulons faire entendre notre voix dans le chaos du monde, il faut savoir parler fort » ajoute l’eurodéputé.
Au Bélarus, le Conseil européen avait promis des sanctions mi-août. Où sont-elles ? Bloquées par des dissensions des États membres quant à leur portée et la présence ou non sur cette liste de M. Lukaschenko. Il est temps de produire cette liste et de montrer dans les faits notre solidarité avec le peuple biélorusse luttant pour sa liberté.
Concernant la Russie, la question est proche : ce régime a déjà empoisonné ses opposants, y compris sur le sol européen. Et pourtant, nous continuons à nous montrer faibles vis-à-vis de M. Poutine, par exemple en continuant le projet Nord Stream 2, qui liera un peu plus les mains de l’Union européenne, la rendant encore plus dépendante du gaz russe. C’est le même scénario que celui avec la Turquie : les chefs d’État et de Gouvernement décident sciemment de se soumettre au chantage de M. Erdogan en lui confiant la gestion des frontières extérieures de l’Union européenne et de ses flux migratoires, au détriment d’une gestion digne des procédures d’asile et sacrifiant son autonomie
Sur tous ces sujets, sans parler de la Chine ou de nos relations avec les États-Unis, l’enseignement que nous devons tirer reste le même : il est temps que l’Union européenne se considère comme une puissance non seulement économique, mais aussi politique et géopolitique. L’alternative est claire : l’autonomie stratégique ou la vassalité et l’inanité.