Hier, dans les dernières heures de la session plénière, M. Wauquiez s’est rendu au Parlement européen à Strasbourg. Ce décalage illustre à lui seul d’une façon éclairante son propre décalage avec les enjeux européens.
M. Wauquiez est venu parler « refondation » de l’Europe, sans jamais répondre aux questions précises des journalistes pour savoir ce qu’il entendait par là. Dans son exposé, c’était le grand flou, ce qui créée des sueurs froides de la part de quelqu’un qui est passé de Ministre des affaires européennes à celui de candidat courant après les thèses du Front national sur l’Europe.
Le plus atterrant reste sans doute la vision qu’a M. Wauquiez du Brexit ; pour lui, ce n’est pas le Royaume-Uni qui a choisi de sortir de l’Union européenne, ce sont les autres pays qui sont responsables de sa sortie, ajoutant que c’était « une erreur » de « le mettre dehors ». Mais c’est bien sûr ! La marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’alu, pourquoi n’y avait-on pas pensé avant ?
Ces propos seraient amusants si le ver n’était pas dans le fruit : en proposant un rôle modulaire de la Cour de Justice européenne, M. Wauquiez ne propose pas de « créer des cercles » pour être plus efficaces, mais purement et simplement de défaire l’Union européenne. Quel est le sens d’une telle proposition : certains États pourraient réintroduire la peine de mort, d’autres non ? Certains États pourraient respecter des règles en matière de protection de la santé, de droits sociaux, d’environnement, d’autres non ?
La stratégie de M. Wauquiez est claire comme l’eau (de roche) qui cuit les lentilles du Puy : choisir un adversaire qui lui convienne et s’opposer à E. Macron en draguant l’électorat du FN et hystérisant le débat politique. Il inscrit ainsi ses pas dans ceux de M. Cameron. On voit où en est la Grande-Bretagne aujourd’hui !
Les élus LR du Parlement européen doivent être bien consternés de cette prestation lamentable.
Parce que nous aspirons à un débat démocratique à la hauteur sur les enjeux européens, nous alertons les militants de droite sur les risques pour eux -et pour le pays- de se choisir un tel leader.