Le Parlement européen a adopté aujourd’hui une révision de la directive européenne sur les armes à feu. Cette directive fixe les conditions dans lesquelles les particuliers peuvent acquérir et posséder légalement des armes ou les transférer vers un autre pays de l’Union européenne.

Il faut relire l’enquête de Fabrice Arfi, Karl Laske et Matthieu Suc de Mediapart sur les trafics d’armes de guerre en Europe. Dans cet article, les auteurs reviennent sur l’itinéraire du fusil d’assaut VZ-58, de la marque tchèque Ceska Zbrojovoka, qui a semé la mort dans l’Hyper Casher. À elle seule, cette arme résume les trous noirs de la législation européenne sur le contrôle des armes, alors même que la chute de l’URSS et l’élargissement ont permis à au moins 500 000 armes d’entrer dans l’Union européenne et de circuler en toute impunité.

Aujourd’hui encore, il reste trop simple de se procurer des armes à feu. C’est pourquoi, il était urgent de revoir cette directive. Les nouvelles règles adoptées aujourd’hui améliorent le marquage et le traçage des armes, notamment des armes à blanc et des armes neutralisées, c’est-à-dire rendues non-létales. C’est ce type d’arme, souffrant jusqu’alors d’un manque de contrôle, qui avait été utilisé lors des attentats en France. De plus, certaines armes semi-automatiques particulièrement dangereuses seront désormais interdites et soumises à des contrôles accrus tandis que les ventes à distance seront mieux encadrées afin de vérifier l’identité des acheteurs.

L’accord est à l’équilibre entre les intérêts des utilisateurs légitimes d’armes (tels que les tireurs sportifs, les chasseurs, les réservistes, les collectionneurs ou encore les figurants de reconstitution de bataille) et les intérêts des citoyens en faveur d’une Europe plus sûre. Loin de constituer un texte privatif de liberté, il s’agit d’un réel progrès pour la sécurité des citoyens et la lutte contre les trafics. En effet, toute arme qui circule illégalement dans le marché intérieur a été commercialisée à un moment donné dans un cadre légal. C’est la raison pour laquelle il est important d’améliorer les contrôles.

Fait notable, les eurodéputés d’extrême droite, qui prétendent vouloir « protéger les Français », se sont opposés à ce texte en commission, cédant ainsi aux lobbies des armes, qui se sont massivement mobilisés. Il faut que cela se sache !