M. Sarkozy et Mme Merkel ont hier présenté les grandes lignes de leur « nouveau traité ». Cette position équivaut à un renoncement à régler la crise financière et politique que traverse aujourd’hui la zone euro. Tous deux sont comptables de la situation dans laquelle se trouve l’Europe aujourd’hui. Les mesures avancées par les conservateurs sont systématiquement tardives, inappropriées et inefficaces. Force est de constater qu’après chaque communiqué de victoire qui suit une de ces rencontres, la situation s’aggrave.

 

Alors que la maison brûle, aucune mesure d’urgence pour faire face à la contagion n’est proposée :  pas de règlement effectif du cas grec, pas d’accord sur des modalités d’intervention de la Banque centrale européenne sur les marchés de liquidité interbancaire et ceux d’obligations souveraines, pas de renforcement opérationnel du fonds européen de stabilité financière.

 

M. Sarkozy et Mme Merkel sont incapables de présenter un projet politique de refondation de l’union économique et monétaire. Ils ne proposent qu’un projet punitif, une zone euro de la sanction et de l’austérité, qui repose sur un diagnostic erroné et partiel de la crise que nous traversons. Règle d’or renforcée dans tous les pays, sanctions automatiques des Etats en cas de non respect de la règle des déficits inférieurs à 3 %, contrôle par les juges … la perte de souveraineté en matière de politiques budgétaires, portée par la droite franco-allemande, devrait être acceptée contre un arsenal exclusivement répressif au service de l’austérité partout en Europe.

 

Cette Europe de la punition des peuples proposée par M. Sarkozy et Mme Merkel, oublie une composante fondamentale du projet européen : la solidarité, une valeur profonde de la gauche, mais également aujourd’hui une réponse face à la crise. Le Président sortant a ainsi rejeté le projet des Euro-obligations proposé par la gauche, mécanisme de solidarité pour la croissance sans laquelle aucun assainissement budgétaire n’interviendra dans les années à venir.

 

Aucune proposition n’a été faite pour la relance d’une croissance forte, équilibrée et stable en Europe, pour rétablir la stabilité de la zone euro et la confiance du reste du monde en notre monnaie et dans nos économies. Sans croissance, non seulement pas de rééquilibrage des comptes publics, mais pas de recul du chômage, pas de progression du pouvoir d’achat et, in fine, pas de soutien populaire pour une Europe qui amplifiera les crises au lieu de les amortir, en dehors de tout contrôle démocratique.

 

Or, il y a urgence à une action européenne : début 2012, plusieurs Etats doivent lever de nombreux emprunts ; nul ne sait s´ils trouveront preneurs et à quels taux d’intérêts. Un nouveau traité ne répond pas à cette urgence.

 

La véritable règle d’or, celle que propose François Hollande, c’est la crédibilité dans les engagements de maîtrise des finances publiques, non une norme érigée en dogme, proposée par un Président qui a laissé filer les déficits, et dont l’action depuis cinq ans menace la signature de la France.

 

François Hollande est allé défendre hier à Berlin ce que le Président de la République a renoncé à proposer à Paris : un pacte de responsabilité, de gouvernance et de croissance, un fédéralisme de projet qui repose sur l’investissement collectif, une solution équilibrée et démocratique, qui combine stabilité financière, publique comme privée, et croissance :

 

– Le fonds européen de stabilité financière doit être beaucoup plus fortement doté pour désarmer la spéculation, et pouvoir, à cet effet, se refinancer directement auprès de la BCE (via l’octroi d’une licence bancaire);

 

– Sans modifier ses statuts, la Banque Centrale Européenne doit pleinement jouer son rôle, notamment dans sa lutte contre la spéculation et dans son appui à l’économie réelle ;

 

– La taxe sur les transactions financières doit être introduite sans délai, mettant ainsi un frein à la spéculation et créant une ressource budgétaire nouvelle, nécessaire à la relance ;

 

– La dette européenne doit être partiellement mutualisée par la mise en place d’euro-obligations.