L’Irlande n’a pas ratifié le Traité constitutionnel. Nos craintes sont devenues réalité, et l’Europe politique meurt. Le traité de Lisbonne est déjà un compromis fragile des rejets français et néerlandais du traité constitutionnel de 2005. Il sera à présent difficile de sortir de la crise politique que ce vote engendre.
L’Union européenne risque à présent d’enterrer définitivement son nouveau Traité. Ceci signifie la prorogation de facto de l’actuel traité de Nice qui ne laisse pas un bon souvenir. Le Traité de Nice ne traîne pas non plus une bonne réputation.
C’est le deuxième Traité d’Union politique que l’Irlande refuse : le Traité de Nice en 2001, le Traité de Lisbonne en 2008. Aujourd’hui, le champ a donc été ouvert aux libéraux acharnés et aux nationalistes nostalgiques.
Ce « non » regrettable constitue, en outre, un grave handicap à la présidence française qui démarre le 1er juillet 2008. Car, nous attendions beaucoup de la présidence française, voire trop, peut-être parce que c’est la France. C’est le pays qui a dit non au Traité constitutionnel, mais aussi le pays – en tandem avec l’Allemagne – qui a décoincé les blocages depuis.
La double présidence de Nicolas Sarkozy sera jugée sur ses réussites à l’aune des ratifications du Traité de Lisbonne. Le « non » en Irlande est un mauvais départ.
Le Traité de Lisbonne n’est sans doute pas la panacée, pas plus que le Traité de Rome lui-même. Mais, c’est mieux que tout ce qui existe…
Bernard Poignant
Président de la Délégation socialiste française au Parlement européen
Bruxelles, le 12 juin 2008