Le départ annoncé de Thierry Breton est un très mauvais signal. Nous avions porté ensemble la relance de la production d’armements pour l’Ukraine, une politique industrielle pour l’Europe ou la régulation des grandes plateformes. Son éviction par la Présidente Ursula von der Leyen et son abandon par l’Élysée posent de graves questions.
Le 26 juillet dernier le Président de la République Emmanuel Macron avait décidé, seul et à la faveur de l’absence d’un gouvernement de plein exercice, de confirmer Thierry Breton à la Commission européenne.
Cette précipitation et ce refus de toute consultation politique en France alors que le délai posé par Ursula von der Leyen était fixé au 31 août était une mauvaise manière démocratique de plus, mais nous n’avions alors pas souhaité sur-réagir, par respect pour au moins une partie du bilan de Thierry Breton !
Aujourd’hui, après notre camarade et ancien chef de file continental Nicolas Schmit, Ursula von der Leyen obtient le départ d’un autre poids lourd de la commission capable de remettre en cause sa toute puissance et de contrebalancer la domination du PPE sur la Commission. Mais le problème n’est pas simplement l’attitude de la Présidente. Le seul qui pouvait acculer Thierry Breton au départ, c’était Emmanuel Macron. La lettre du commissaire démissionnaire ne raconte d’ailleurs pas autre chose : à quelques jours seulement de la présentation supposée du collège devant les instances du Parlement européen, la France s’apprêtait à proposer un nouveau nom en échange de la promesse d’un portefeuille plus ample ou plus stratégique. La position de Thierry Breton dans la Commission finissante n’était dès lors plus tenable.
C’est un problème. Comme est un problème la désignation immédiate de Stéphane Séjourné, à nouveau sans la moindre consultation politique. Si Emmanuel Macron souhaite enfin faire œuvre utile et enfin rendre un peu grâce au résultat des urnes en France, il doit proposer une femme de gauche pour le Berlaymont. Ce serait à la fois une contribution essentielle à la recherche de parité dans la nouvelle Commission européenne, la correction de l’anomalie actuelle qui est qu’elle ne compte à ce jour que 4 commissaires S&D pour 5 pays dirigés par des socialistes et une manière de dire que le Président a compris qu’il n’était plus Jupiter et ne pouvait plus se comporter après le vote du 7 juillet comme il l’a fait depuis 7 ans.