Bruxelles, le 19 septembre 2005 – Les élections législatives allemandes sont d’abord une leçon de modestie pour tous les sondeurs et commentateurs : Angela Merkel et son parti devaient rassembler 40% des voix et plus. Résultat : 35%.

Elles nous invitent à réfléchir à deux fois sur les modes de scrutin. Une élection n’est pas qu’une photographie de l’opinion. Elle a aussi pour fonction de dégager des majorités pour gouverner. Et c’est aux formations politiques qui ont eu le plus de voix de donner la direction. Il y a un côté « IVème République » dans le résultat de dimanche. Des tractations vont commencer et les Allemands seront peut être dirigés par une coalition qu’ils ne veulent pas. En tous cas, ils n’auront pas été avertis avant le scrutin.

Enfin, ces élections reflètent les contradictions de la société allemande. La grande majorité des citoyens sait que des réformes sont nécessaires. Evoluer dans une économie mondiale n’est pas la même chose que le faire dans la seule économie nationale, voire européenne. Mais les électeurs ont montré qu’ils étaient mécontents des réformes du social-démocrate Schröder et de son allié Vert. Ils se sont révélés inquiets des projets, qu’ils trouvent pire, de la conservatrice Merkel et de son partenaire libéral même si celui-ci s’en tire bien. Ils restent incrédules devant les propositions des Communistes et des Gauchistes issus du SPD. Ils les ont utilisés pour protester pas pour diriger.

L’Union européenne se retrouve avec une France affaiblie par son vote référendaire, une Allemagne déstabilisée par son vote législatif. Elle a pourtant besoin de ce couple solide pour repartir.

Bernard Poignant

19 septembre 2005