La Présidente de la Commission européenne a présenté aujourd’hui, devant le Parlement européen, son plan de relance économique à 750 milliards d’euros, pour aider les pays de l’Union européenne à sortir de la crise financière provoquée par l’épidémie de Coronavirus. Dans sa résolution adoptée deux semaines plus tôt, le Parlement avait appelé à un plan d’une hauteur de 2000 milliards !
Le 18 mai dernier, la France et l’Allemagne avaient proposé que l’Union européenne s’endette de 500 milliards d’euros, pour venir en aide aux secteurs et aux pays de l’Union gravement touchés par la crise. Pour financer son plan, la Commission empruntera sur les marchés 750 milliards d’euros, qui viendront abonder le budget européen, dont certains programmes seront renforcés et d’autres créés pour faire face à la situation : « La Délégation de la gauche sociale et écologique avait accueilli favorablement la proposition franco-allemande, qui reprenait les idées préconisées par le Parlement européen ». L’idée d’une mutualisation de la dette était en débat depuis longtemps ; maintenant elle s’impose comme une préférence collective. « La solidarité financière à l’échelle européenne doit rester au cœur des politiques et du projet européens », insistent les élus de la délégation.
Si ce plan semble aller dans la direction de la solidarité, les enjeux restent immenses face aux évènements historiques que nous traversons : « La proposition de la Commission européenne est une avancée majeure, qui reprend nombre des propositions que nous défendons depuis des années. Malheureusement, les États membres devront mettre en place des réformes structurelles pour pouvoir bénéficier de ces moyens. L’Europe reste, donc, toujours liée au dogme de la dette », expliquent les eurodéputés français du Groupe S&D.
Avant d’ajouter : « De plus, d’autres ombres figurent au tableau, notamment dans la volonté de la Commission européenne de donner des gages aux « frugaux ». D’abord, les montants restent faibles au regard de la crise qui se profile. Ensuite, sur ces 750 milliards, seuls 500 milliards seront des subventions directes ; 250 milliards seront des prêts que les bénéficiaires devront rembourser ». De même que pour atteindre un consensus plus ambitieux à 27, des solutions existent : « Le plan de relance pourrait être plus massif et plus durable s’il était basé sur des ressources propres bien plus ambitieuses. Il ne faut pas que ce plan de relance vienne masquer la faiblesse de la proposition du CFP ».
Face à la gravité de l’effondrement économique et social actuel, il est au contraire primordial d’accentuer nos efforts et nos investissements dans les domaines d’avenir. L’heure ne doit plus être au compromis mou : « Le Green Deal, le numérique, les stratégies Biodiversité 2030 et « Farm to Fork », ainsi que la PAC et la cohésion, ou encore une politique fiscale, doivent rester des priorités absolues. Les investissements en faveur de la mobilité durable, la rénovation des bâtiments et des logements, des énergies renouvelables afin de tendre rapidement à la suppression des combustibles fossiles doivent se poursuivre ». Ces projets sont nécessaires pour garantir la réussite de ce plan de relance qui passera, également, par une implication des territoires à travers une forte synergie avec les acteurs locaux et régionaux.
Ce plan de relance nécessite, enfin, que les États membres s’entendent sur ce que sera le budget européen pour la période 2021-2027, ce qui n’a rien d’évident en l’état actuel des choses, face notamment à la réticence des pays « frugaux » : « Ce n’est que le début d’un long processus, le plus dur reste à faire car ces nouvelles dispositions devront encore être adoptées par les Chefs d’État. Nous combattrons pied à pied lors de l’examen de ces propositions au Parlement européen, et exigerons une clause de revoyure pour augmenter les montants empruntés régulièrement », concluent les membres de la Délégation de la gauche sociale et écologique.