Pierre Larrouturou, au nom du groupe S&D. – Madame la Présidente, mes amis, quelle est vraiment notre ambition pour l’Europe? Si nous avions une grande ambition, nous aurions aujourd’hui un grand budget. Quand Kennedy affirme: «We choose to go to the moon (nous avons décidé d’aller sur la lune)», il l’a vraiment décidé. Et Kennedy va multiplier par 15 le budget de la NASA – par 15!–, on crée 400 000 emplois et les États-Unis gagnent la lune.

Aujourd’hui, il ne s’agit pas de gagner la lune, il s’agit de sauver la terre ou de sauver l’humanité sur terre. Pourquoi ne sommes-nous pas plus ambitieux dans notre budget? Nous parlons de Green New Deal, en référence au New Deal de Roosevelt. Très bien. Mais Roosevelt s’est donné les moyens de son New Deal, qui a créé des millions d’emplois. Quand il arrive au pouvoir, Roosevelt multiplie par 3 le budget fédéral en 4 ans. Puis, quelques années plus tard, pour gagner la guerre, il va multiplier par 4 le budget américain. Roosevelt est vieux et paralysé, mais il va multiplier par 12 le budget fédéral en le finançant par une fiscalité juste et par un usage intelligent de l’argent de la banque centrale. Cela n’a provoqué aucune catastrophe. Kennedy et Roosevelt étaient-ils fous? Kennedy et Roosevelt ont-ils ruiné leur pays? Non, évidemment. Nous avons tous en mémoire que c’étaient des leaders visionnaires et courageux.

Et nous, l’Europe, qu’attendons-nous, mes amis? Qu’attendons-nous? Construire un vrai budget n’est pas si compliqué. Je me souviens de ce que disait Jacques Delors pour trouver de nouvelles ressources. Il est possible d’avoir un budget plus ambitieux sans demander d’efforts aux États membres, sans demander d’efforts aux citoyens. Quand j’étais petit, l’impôt sur les bénéfices était à 45 %! Maintenant, à cause de la concurrence fiscale européenne, il est tombé à 20 %. Jacques Delors disait qu’il fallait un impôt européen sur les bénéfices. Même avec un impôt de 5 % seulement en moyenne, et sans toucher les petites entreprises, on pourrait avoir 100 milliards de plus de budget pour sauver le climat et pour créer massivement des emplois sur tous nos territoires.

Alors, évidemment, le groupe social-démocrate votera ce budget. C’est un très bon compromis, il n’y a pas de doute. Merci Monika, merci Eider, merci Rasmus, merci Clotilde, avec qui nous avons négocié. Nous allons voter ce budget, nous allons nous battre pour que le Conseil accepte cette augmentation des crédits, mais j’espère que c’est la dernière année que nous voterons un budget aussi faible. Le groupe social-démocrate va tout faire pour trouver des ressources nouvelles pour un budget plus ambitieux au service de la dignité humaine et de la protection de la planète.