Par la voix de Catherine Trautmann, présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen et membre de la commission pêche, les eurodéputés socialistes français ont défendu à la fois les conditions de vie des pêcheurs et l’avenir des ressources en thon rouge.

Pour l’eurodéputée, « 3 conditions doivent être retenues avant l’inscription à l’annexe I de la CITES[1]. Cette inscription est essentielle car c’est la seule qui permette de préserver cette espèce, mais elle doit être accompagnée par :

– une dérogation pour le commerce au sein de l’Union européenne[2] ;

– un véritable accompagnement social, doté des financements nécessaires, en faveur des marins et des armateurs touchés par cette décision ;

– des moyens suffisants pour lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée« .

Pour Estelle Grelier, également membre de la commission pêche, « cette position équilibrée – dans un Parlement européen tenté de ne pas modifier la situation actuelle en se contentant d’une inscription à l’annexe II de la CITES[3] – était la seule en mesure de parvenir à une protection du thon rouge, tout en préservant les intérêts de la pêche artisanale. Notre stratégie – intégrer un délai de 18 mois dans l’attente d’une dernière étude – était un moyen de constituer une majorité pour l’inscription à l’annexe I. Face au PPE qui a décidé de défendre une inscription en Annexe II, la demande d’un délai de 18 mois ne se justifiait plus. Je me félicite que notre position – responsable et solidaire – soit majoritaire aujourd’hui, ainsi que l’a démontré le vote en séance plénière ce matin« .

Par ailleurs, au nom de l’ensemble de la délégation, Catherine Trautmann souligne l’inconséquence de la droite : « Au Parlement européen à Strasbourg, l’UMP demande à l’Europe un accompagnement social des pêcheurs en difficultés. En France, elle s’oppose à un budget européen à la hauteur des enjeux et défis auxquels nous devons faire face collectivement. Et enfin, dans le projet actuel de Loi de modernisation de l’Agriculture et de la Pêche, elle impose une logique libérale, où les mesures sociales sont totalement absentes, sans prendre en compte la diminution sans précédent du revenu des pêcheurs et des agriculteurs au plan national« .


[1] Une inscription à l’annexe I interdit le commerce international de l’espèce concernée sans en interdire la pêche. Le thon rouge étant très exporté vers le Japon – 80 % des captures en Europe – cela réduirait d’autant les prélèvements sur les ressources.

[2] Sans cette dérogation, la pêche artisanale – qui n’exporte que très peu en direction du Japon mais essentiellement en direction d’autres Etats-membres – serait anéantie, alors que sa responsabilité dans la situation du thon est insignifiante.

[3] Une inscription à l’Annexe II ne modifierait pas la situation actuelle : en vertu d’une clause de la CITES, les conventions antérieures, comme c’est le cas de la CICTA, prévalent sur un classement en Annexe II. Le thon rouge continuerait ainsi à être géré par l’organisation dont la gestion de cette espèce semble défaillante.