Alain Lamassoure et Jean-Pierre Audy ont cru bon hier soir de venir vanter le bilan européen et international de Nicolas Sarkozy.

Tel un super héros, Nicolas Sarkozy aurait « sauvé l’Euro et l’épargne des Français », et la présidence française de l’Union européenne en 2008, puis celles du G8 et du G20 en 2011, seraient tout simplement « exceptionnelles ».

S’agissant de l’épargne, c’est un mensonge scandaleux quand on sait à quel point la France s’est alignée sur les demandes des banques au détriment des intérêts des petits épargnants et des contribuables, dans le cadre de la renégociation de la directive sur les dépôts de garantie. En particulier, il semblerait que pour la France de Nicolas Sarkozy, ce soit trop demander aux banques que de mettre de côté 10 centimes par tranche de 100 euros déposés, aux fins de garantie en cas de faillite bancaire.

La crise a éclaté en 2008 : elle dure encore, les décisions que nous préconisions dès ce moment – taxe sur les transactions financières, eurobonds, rôle de la BCE… – ne sont reprises que très partiellement et trop tardivement par Nicolas Sarkozy, qui laisse ainsi sciemment la situation s’aggraver. Rappelons que la promesse du G20 était de mettre fin aux paradis fiscaux et à la spéculation sur les matières premières alimentaires : on mesure là-aussi le bilan du président sortant…

Le super héros Nicolas Sarkozy a, toujours d’après nos apprentis flatteurs, « réussi à la fois à imposer la paix, en empêchant une guerre entre la Géorgie et la Russie, et à endiguer la crise des « sub-primes » ». Véritable génie ignoré, « il a réussi là où d’illustres Européens avaient échoué » : exact, personne n’a jamais multiplié par deux la dette de son Etat en étant tour à tour Ministre de l’économie et des finances et Président de la République.

Cette lecture serait grotesque si des milliers de Français et d’Européens n’étaient pas chaque jour projetés dans la misère et la pauvreté la plus extrême : le taux de suicide et l’explosion des populismes constituent les conséquences les plus dramatiques de l’austérité imposée comme seule solution à la crise, choix dont il est co-responsable.

Plus c’est gros, mieux ça passe. Jean-Pierre Audy fait de Nicolas Sarkozy le leader des révolutions arabes : sa mémoire défaille. Il oublie Kadhafi sur les Champs Elysées et le projet de lui vendre une centrale nucléaire, l’Union pour la Méditerranée utilisée comme moyen de réhabilitation de plusieurs dictateurs, ses offres d’appui policier à Ben Ali pour écraser l’envie de liberté de son peuple.

Non, vraiment, trop c’est trop : faire de la politique implique d’être lucide et honnête. Cette morgue démontre incompréhension et cécité devant la réalité et les problèmes concrets des citoyens.

Enfin, la course de Nicolas Sarkozy aux voix du Front national menace directement le droit fondamental de libre-circulation : c’est une rupture injustifiable de l’accord Schengen destiné à protéger l’Europe et les citoyens qui y vivent.

A force d’avoir utilisé la peur, Nicolas Sarkozy finit par faire peur à ses partenaires européens : vu de Bruxelles, le changement est maintenant attendu.