C’est bien connu, « à Bruxelles, personne ne vous entend crier ». Depuis des années, les eurodéputés socialistes et radicaux alertent sur la menace que constituent les perturbateurs endocriniens, et notamment le glyphosate. En vain jusqu’à présent. Depuis des années également, nous dénonçons le fonctionnement de certaines agences européennes, qui sont entre les mains des lobbys.

Avec les Monsanto Papers, c’est désormais clair : contrairement à l’avis de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) publié le mercredi 15 mars dernier, le glyphosate est bien mutagène et génotoxique. Cette information est connue depuis 1999 par Monsanto même. Cette multinationale a tout fait depuis pour cacher ce danger, infiltrant agences et régulateurs.

Les décisions ne peuvent plus être reportées à plus tard. Il ne s’agit plus d’appliquer le principe de précaution : la menace est avérée, de l’aveu même de Monsanto. L’interdiction du glyphosate – et plus largement des perturbateurs endocriniens – doit être actée. Nous entendons une partie du monde agricole qui dit ne pas pouvoir travailler sans le glyphosate. Nous leur disons que ce choix politique est d’abord pour eux : les agriculteurs sont les premières victimes du glyphosate. Aussi, nous demandons que des fonds européens soient mobilisés pour la recherche et le développement d’alternatives au glyphosate et à l’ensemble des produits dangereux, pour le développement des bio-contrôles et, enfin, pour changer de mode de production.

D’autre part, il est clair maintenant qu’il y a quelque chose de pourri dans le royaume de certaines agences européennes : conflits d’intérêts, absence totale d’indépendance et de transparence. Ce n’est pas acceptable. Les contrôles supplémentaires que nous avions demandés jusqu’à présent sont insuffisants : il faut donc en tirer les conclusions, démanteler et reconstruire de A à Z l’Agence européenne des produits chimiques. Il faut également enquêter et faire la lumière sur toutes les responsabilités.

Enfin, nous réaffirmons notre refus du rachat de Monsanto par Bayer ; cette dernière entreprise n’a d’ailleurs aucun intérêt à acheter un scandale comme celui qui se dévoile sous nos yeux.

Une agriculture respectueuse de la biodiversité, de l’environnement et de la santé des agriculteurs et des citoyens n’est plus la question, elle est la réponse et l’urgence. La PAC doit changer pour répondre à cet objectif. Dans la campagne présidentielle française, seul Benoît Hamon a fait de la lutte contre les perturbateurs endocriniens et de la refondation de la PAC des priorités : pour certains, c’est anecdotique. L’actualité montre, au contraire, que ce changement de société est non seulement indispensable, mais au cœur de notre avenir !