Le Parlement européen adoptera demain un rapport d’initiative sur l’insécurité alimentaire dans le monde, alors que la guerre de Vladimir Poutine en Ukraine a exacerbé l’impact de la pandémie de COVID-19. Pour les membres de la délégation de la gauche sociale et écologique, le droit à l’alimentation est un droit de l’homme et est essentiel pour garantir la sécurité alimentaire pour tous. C’est pour cette raison que nous dénonçons avec force la spéculation sur les matières premières agricoles.

« La situation est dramatique ! La vérité c’est que contrairement à tous nos engagements nous n’aurons pas éliminé la faim d’ici 2030. Pire, non seulement il n’y a pas de progrès vers la réalisation des objectifs mondiaux en matière de nutrition, mais nous reculons depuis 2016 », s’alarme Éric Andrieu, eurodéputé socialiste membre de la commission en charge du développement.

« Bien sûr, la cause immédiate de la crise que nous traversons est liée à l’invasion russe de l’Ukraine. Mais les problèmes existaient avant, notamment à cause des règles absurdes de l’OMC sur les stocks et des politiques de dérégulation : le système alimentaire mondial était déjà très dégradé, nous ne sommes pas préparés pour encaisser des chocs. C’est d’autant plus alarmant que le changement climatique n’est plus à démontrer. Les plus vulnérables, tels que les enfants, les jeunes, les femmes, les personnes âgées et les communautés autochtones vivaient, avant le Covid et avant cette guerre, une situation déjà dramatique du fait des inégalités, de l’instabilité politique et de la volatilité des prix agricoles » martèle Éric Andrieu.

« L’Union européenne a un rôle indispensable à jouer dans le soutien aux pays en développement pour faire face aux défis de la sécurité alimentaire. Nous devons réorienter nos politiques pour mieux lier l’aide d’urgence à des solutions de plus long terme. Cela passe par une augmentation de nos contributions au Programme alimentaire mondial, par la nécessité de couvrir immédiatement le déficit de financement dans les appels humanitaires 2022 de l’ONU pour l’Afrique de l’Est et le Moyen-Orient et par une meilleure coordination de nos politiques » ajoute l’eurodéputé.

« Nos politiques de développement doivent désormais soutenir l’agriculture durable et les petits exploitants, l’agroécologie, l’agroforesterie et la diversification des cultures ; pour rappel, il existe aujourd’hui 608 millions d’exploitations agricoles familiales dans le monde, qui occupent entre 70 et 80 % des terres agricoles mondiales, représentent plus de 90 % de l’ensemble des exploitations agricoles dans le monde et produisent environ 80 % de la nourriture mondiale en termes de valeur. Ils doivent être au cœur de notre action. Eux, pas les spéculateurs ! » insiste Éric Andrieu.

« Enfin, nous l’exigeons avec force : nous devons privilégier la sécurité alimentaire par rapport à la production de agrocarburants en suspendant temporairement les politiques de soutien aux agrocarburants et, à moyen terme, en utilisant ce débouché comme une variable de régulation des marchés agricoles » achève l’eurodéputé.

Pour les membres de la délégation de la gauche sociale et écologique « ce rapport envoie un message politique sans équivoque : nous ne viendrons pas à bout de la malnutrition sans reconnaitre la souveraineté alimentaire de toutes les communautés, nous ne viendrons pas à bout de la malnutrition sans œuvrer au renforcement de politiques agricoles à l’échelle nationale et régionale afin d’allier sécurité alimentaire et durabilité écologique ».