A l’heure où l’Europe redéfinit ses priorités et son budget pour les sept prochaines années, la délégation socialiste française au Parlement européen réunissait, pendant deux jours en Guadeloupe, les forces vives des Outre-Mer français afin qu’élus locaux, universitaires, socio-professionnels mais aussi représentants de la Commission européenne puissent identifier concrètement les enjeux, pour les RUP, des nouveaux défis de la croissance intelligente, durable et inclusive que l’Union européenne souhaite réaliser à l’horizon 2020.

« Pour retrouver une nouvelle croissance en Europe, et ses retombées positives pour les RUP, précise Henri Weber, député de l’euro région du Centre, il faut mettre en œuvre une stratégie différenciée : les Etats excédentaires de l’Europe du nord, en premier lieu l’Allemagne, doivent relancer leur consommation intérieure et leurs investissements, pour servir de locomotive à l’Europe. Les Etats surendettés du sud doivent, eux, s’engager sur une trajectoire progressive de retour à l’équilibre des comptes, mais en l’étalant dans le temps. L’essentiel, toutefois, réside pour tous dans la relance par l’investissement au niveau continental ».

« La croissance bleue est aujourd’hui un des grands enjeux débattus à Bruxelles. Cet objectif de développer le potentiel maritime, mais aussi d’instaurer une meilleure gouvernance des interactions terre-mer, prend tout son sens dans les RUP où nous avons pu observer, pendant ces deux journées de visites et d’échanges, non seulement le très fort potentiel de développement économique que réserve la mer à ces régions, mais également les nombreuses problématiques nécessitant des solutions intégrées. La crise de la chlordécone doit nous rappeler que mer et terre ne sont qu’un seul et même espace de gouvernance », explique Isabelle Thomas, eurodéputée socialiste française membre de la commission de la pêche.

« Au moment où la réforme de la PAC entre dans sa dernière phase lors du trilogue qui devrait se terminer au mois de juin, la Commission européenne a engagé une consultation spécifique pour les RUP. La situation économique de l’agriculture de ces territoires est fragile et nous devons, dans les débats à venir, être vigilants au maintien de l’équilibre entre les cultures principales telles que la canne et la banane et les productions de diversification nécessaires à l’économie locale. Aujourd’hui, l’essentiel de la profession agricole est organisée en Guadeloupe et défend un véritable projet collectif et solidaire qu’il faut savoir écouter », insiste Eric Andrieu, eurodéputé socialiste français, membre de la commission agriculture.

« L’accent mis à raison par la Commission sur une économie de la connaissance qui s’appuie sur les nouvelles technologies de communication doit trouver un écho dans les RUP. Nous remarquons néanmoins que les acteurs issus de ces régions sont trop souvent à l’écart des grands projets européens de recherche. L’excellence en matière de recherche ne s’arrête pas aux frontières continentales de l’UE. L’exemple de la biodiversité remarquable dans les RUP, démontre à elle seule tout le potentiel que referment ces territoires. Nous serons donc attentifs à ce que l’équité soit bien une réalité dans la mise en œuvre des futurs programmes communautaires de recherche et d’innovation », souligne Catherine Trautmann, chef de la délégation socialiste française au Parlement européen.

« L’Europe a permis à nos territoires de combler, en partie, les importants retards de développement. Les investissements européens en faveur des infrastructures et de l’agriculture en sont les deux exemples les plus emblématiques dans nos régions. Si l’intégration de nos régions à l’UE continuera à nous demander des efforts importants, l’intégration régionale est le sujet d’avenir sur lequel nous devons nous engager sans délai. C’est pourquoi, j’ai annoncé, lors de cet événement, le lancement prochain d’une charte pour la coopération entre les Départements français d’Amérique et les pays voisins de la Caraïbe. L’Europe nous donne l’opportunité d’unir nos efforts afin de progresser vers une Caraïbe économiquement dynamique, pourvoyeuse d’emplois et résiliente », rappelle Patrice Tirolien, eurodéputé guadeloupéen à l’initiative de ce séminaire.