Le Parlement européen a tenu, pendant cette plénière, un débat sur les conséquences de l’invasion russe sur la sécurité alimentaire, et adoptera aujourd’hui une résolution sur le sujet.

Pour Éric Andrieu, eurodéputé socialiste membre de la commission en charge de l’agriculture, « l’Union européenne peut et doit agir pour aider d’une part la production en Ukraine et, d’autre part, empêcher les conséquences dramatiques de la guerre sur les marchés agricoles, et in fine sur l’approvisionnement alimentaire de nombreux pays en développement ».

« L’urgence, c’est bien sûr de fournir une aide alimentaire au peuple ukrainien. Mais il est également évident que nous devons agir de façon résolue pour notre sécurité alimentaire sans perdre de vue les questions majeures du climat, de l’érosion de la biodiversité et de la qualité de l’alimentation » ajoute l’eurodéputé.

« Après la pandémie, la guerre de Vladimir Poutine en Ukraine confirme ce que nous disions depuis longtemps : le marché qui s’autorégule, cela n’existe pas, et confier la sécurité alimentaire aux marchés est irresponsable. Nous avons besoin d’ouvrir le débat sur les stocks stratégiques alimentaires à l’instar de ce qu’il existe déjà en Europe pour le pétrole ou le gaz. Pour cela, l’UE doit changer sa position à l’OMC pour entamer une révision de règles absurdes qui interdisent de constituer des stocks : la nouvelle fin de recevoir présenter par l’UE en début de semaine aux Égyptiens est proprement scandaleuse. C’est le seul moyen de casser notre dépendance aux fluctuations erratiques des prix des marchés internationaux » insiste Éric Andrieu.

« Nous pouvons également prendre des mesures d’urgence pour faire baisser les prix et augmenter la disponibilité de céréales : il suffit par exemple de stopper temporairement la production de biocarburants, car 8% de la production mondiale de céréales est destinée à fabriquer ces carburants » ajoute l’eurodéputé.

« Nous nous opposons fermement à ceux – lobbyistes de l’agro-industrie et de l’agrochimie en tête, soutenus par certains États – qui veulent instrumentaliser ce conflit comme prétexte pour remettre en cause le Green Deal et la stratégie de la ferme à la fourchette : cela serait une erreur dramatique, car le dérèglement climatique et l’empoisonnement de la terre, s’ils ne font plus la Une de l’actualité entre le Covid-19 et la situation en Ukraine, restent les plus grandes menaces pour l’avenir de l’Humanité. C’est pourquoi nous défendons plus que jamais un nouveau modèle agricole qui retisse le lien entre l’agriculture, l’aliment, la santé humaine, la biodiversité et le climat » concluent les membres de la délégation de la gauche sociale et écologique.