Le Parlement européen a décidé aujourd’hui de faire de l’année 2021 l’année européenne du rail. Des symboles forts ont déjà été annoncés la semaine dernière, avec le retour du train de nuit dès 2021 dans l’Union européenne : ce dernier sera notamment marqué par la remise en service d’une portion du trajet de « l’Orient-Express », avec une ligne Paris-Vienne via Munich.

« Une année européenne est un symbole fort, qui permet de sensibiliser les citoyens à certains sujets, d’encourager le débat et de faire évoluer les mentalités. Mais nous devons dès à présent penser la suite : augmenter les financements et modifier le cadre réglementaire. C’est ce que nous préconisons en tant que législateur » explique Nora Mebarek, eurodéputée socialiste membre de la commission en charge des transports et du tourisme.

D’abord, la dimension sociale : conditions de travail, attractivité des métiers du rail, ces sujets doivent être sur la table, au même titre que l’intérêt des consommateurs, avec une protection accrue en cas de retard et d’annulation.

« Mais, parce que les problèmes de transport de demain seront plus encore ceux des marchandises que ceux des voyageurs, nous proposons de renforcer le fret. Le fret est en effet l’un des moyens les plus économes en énergie pour transporter des marchandises. Alors même que le secteur des transports représente le tiers de nos émissions de gaz à effet de serre (GES), il est primordial de s’attaquer de front à sa décarbonation » ajoute l’eurodéputée.

Deux pistes pour cela : mettre un terme aux distorsions de concurrence entre la route, le fluvial et le ferroviaire. Le donneur d’ordre qui utilise la route ne paye pas l’infrastructure. Aussi, nous proposons de renchérir le transport poids lourd par rapport au ferroviaire et au fluvial, notamment via une taxe kilomètre poids lourd européenne qui remplacerait les dispositifs existants, basés sur la durée, afin de mieux évaluer les coûts réels.

« Mais la tâche est telle qu’une telle taxe ne suffirait pas, c’est pourquoi nous plaidons pour le déblocage de ressources – notamment du plan de relance européen et de ses déclinaisons nationales – visant à réinventer le transport de marchandises de demain à l’échelle du continent » ajoute l’eurodéputée.

« Cette vision impose à l’Europe de revoir sa doctrine : le temps du libéralisme effréné a vécu. L’urgence climatique impose le retour de la puissance publique » concluent les membres de la délégation de la gauche sociale et écologique.