Christine Revault D’Allonnes Bonnefoy, auteure. – Madame la Présidente, la violence contre les femmes et les filles est un fléau d’une terrible actualité qui frappe partout en Europe comme dans le monde.
Ces violences sont révélatrices des inégalités et des discriminations dont souffrent les femmes par rapport aux hommes. Plus encore, les femmes en Europe ne sont pas protégées de la même façon face à la violence selon le pays dans lequel elles vivent. La lutte contre les violences envers les femmes est un combat de tous les jours, qui appelle un changement profond des mentalités, nourries par les préjugés et les stéréotypes sexistes. Il ne s’agit pas d’un problème qui concerne uniquement les femmes. Il engage l’ensemble de nos sociétés et nécessite une réponse politique forte.
L’adhésion de l’Union européenne à la convention d’Istanbul apportera une première pierre à l’édifice pour mieux lutter contre les violences envers les femmes en Europe et proposer des outils juridiques pour les protéger. À travers nos questions orales, nous demandons à la Commission et au Conseil des réponses précises sur l’état des lieux des négociations. Aussi, nous exhortons les 14 États de l’Union qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la convention d’Istanbul. Au-delà, le groupe des socialistes et démocrates défend l’adoption d’une directive sur la lutte contre les violences envers les femmes. Je suis convaincue également que le mécanisme de l’état de droit contribuera à renforcer la mise en œuvre de la convention d’Istanbul dans les États membres. Je me félicite que nous proposions demain une résolution commune pour faire porter notre voix dans ce combat et dire non à la violence contre toutes les femmes et les filles.
Mon grand regret est que ce texte passe sous silence le déni de l’accès à un avortement sûr et légal et les grossesses forcées qui en résultent. Pourtant, nous parlons bien ici d’une forme de violence caractérisée envers les femmes. Si la convention d’Istanbul fait l’impasse sur le droit à l’avortement, les Nations unies le reconnaissent comme un droit humain. Je ne cesserai de m’engager pour que l’avortement puisse être reconnu et protégé comme un droit fondamental au sein de l’Union européenne. L’inaction et l’indifférence ne sont pas des options envisageables quand il s’agit de défendre les droits des femmes. Comme le disait Martin Luther King, nos vies commencent à se terminer le jour où nous devenons silencieux à propos des choses qui comptent.