Sylvie Guillaume (S&D). – Monsieur le Président, la situation humanitaire à Calais mérite mieux que les propos haineux et démagogiques que nous entendons parfois ici ou là. Je suis heureuse que le débat d’aujourd’hui ait été maîtrisé, du moins à quelques exceptions près, parce que cette situation, effectivement, n’est tenable ni pour les migrants, ni pour les habitants de Calais, ni pour les travailleurs.

Je voudrais insister sur trois points.

Premièrement, il faut trouver des solutions durables. Cette situation à Calais n’est pas nouvelle, mais elle est, depuis la fermeture ratée de Sangatte en 2002, rendue considérablement difficile par le nombre de personnes présentes. Il faut donc trouver des solutions durables, c’est pourquoi l’État français a décidé du démantèlement entier, d’ici à la fin de l’année, de manière à lancer les signaux clairs qui jusqu’à présent ne l’avaient jamais été en ce sens.

Deuxièmement, ce démantèlement doit avoir lieu en donnant des perspectives. Nous parlons ici de protection internationale et de mise à l’abri, y compris des mineurs non accompagnés, qui sont dans des situations insalubres. J’en profite pour dire à Nathalie Griesbeck et à Marie Christine Vergiat qu’il y aurait en ce moment plus de pénurie de personnes pour passer au Royaume Uni que de trop-plein, donc les mineurs peuvent passer dans le cadre du regroupement familial au Royaume Uni. Ce démantèlement doit se faire avec responsabilité et de façon ordonnée, avec humanité et dignité, ce qui se traduit par l’accueil des personnes dans des locaux à taille humaine et avec l’accompagnement social et administratif adapté. C’est cela apporter des solutions concrètes.

Troisièmement, il faut continuer de se battre pour que des solutions nationales et européennes coexistent, car c’est la seule clé possible. La situation à Calais ne se résoudra pas juste en renégociant les accords du Touquet, avec toutes les incertitudes liées aux deux ans de préavis – Françoise Grossetête n’est pas là pour l’entendre et je le regrette. C’est donc un devoir d’exemplarité et de répartition entre ce que nous demandons avec les États membres de l’Union européenne et au moment même où trop souvent ceux-ci tournent le dos à la solidarité européenne, comme en témoigne le référendum de Viktor Orbán ce week-end.