Monsieur le Président, Madame la Commissaire, chers collègues,
Je suis très heureux d’entendre un collègue conservateur et libéral tomber d’accord avec la Commission, ce qui me facilite la tâche comme socialiste.
J’espère, en tout cas, que le débat de ce soir permettra d’apporter enfin des réponses aux multiples inquiétudes concernant l’impact de l’accord de libre-échange entre l’UE et la Corée sur l’industrie européenne.
Vous avez évoqué un consensus mais, Madame la Commissaire, je tiens à vous rappeler que depuis des mois, certains secteurs industriels, dont les constructeurs automobiles et les syndicats de travailleurs, qui les soutiennent, vous alertent sur les possibles conséquences dramatiques de cet accord. Encore aujourd’hui, l’essentiel des questions reste sans réponse.
Mais peut-être avez-vous choisi de sacrifier l’industrie européenne au profit des services !
En effet, pourquoi accorder à la Corée la clause de ristourne, dite « duty drawback », qui constitue un avantage jamais concédé auparavant, pas même à des pays en développement comme les pays méditerranéens ?
Quelle est la logique poursuivie avec des règles d’origine si peu contraignantes, dont l’impact est à craindre non seulement pour l’industrie automobile mais aussi pour l’industrie textile européenne ?
Pourquoi rendre possibles de telles distorsions de concurrence, et surtout créer ce précédent?
Face à ces risques, et à d’autres que malheureusement je ne peux développer ici mais dont vous connaissez les détails – vous venez de l’évoquer – la Commission a proposé en dernier recours – l’inclusion d’une clause de sauvegarde. Or vous savez, Madame la Commissaire, que celle-ci n’est pas automatique, qu’elle sera très difficile à mettre œuvre et impossible à activer avant 5 ans.
Je ne prendrai qu’un seul exemple pour illustrer nos craintes. Si l’accord de libre-échange permet à la Corée d’exporter 100 000 véhicules de plus vers l’Europe – elle en exporte déjà 600 000 par an – ce sont 6.000 emplois qui seront supprimés. A l’inverse, l’Europe est terriblement limitée, chaque constructeur ne pouvant exporter que 1 000 véhicules vers la Corée, pour un contingent européen total de 6 000 véhicules.
En cette période de crise, qui touche tout particulièrement les salariés du secteur automobile, comment expliquez-vous que l’Europe s’engage sur un tel accord ? Envisagez-vous une renégociation des points controversés que je viens de mentionner ? C’est en tout cas la demande qui est faite par un certain nombre d’Etats et de secteurs industriels que je viens d’évoquer.
Vous engagez vous enfin, Madame la Commissaire, à davantage de transparence et à mieux associer les parlementaires que nous sommes? Nous avions, ainsi que la Commission, créé les conditions d’une image négative du plombier polonais, ne créons pas aujourd’hui une image négative du carrossier coréen.