Nora Mebarek, co-Présidente de la délégation française du groupe S&D, Vice-Présidente de la Commission du Développement Régional
La révision à mi-parcours de la politique de cohésion 2021-2027 présentée hier par la Commission européenne contient des avancées importantes qu’il faut saluer.
Elle permet aux États membres et aux régions de réorienter une partie de leurs fonds vers des priorités attendues par les Européens : logement, accès à l’eau, transition énergétique, compétitivité industrielle et décarbonation. Des incitations financières sont prévues pour soutenir ces objectifs, avec des préfinancements allant jusqu’à 30 %, et un cofinancement pouvant atteindre 100 %.
C’est une bonne nouvelle pour nos territoires, notamment les plus fragiles, qui doivent pouvoir bénéficier d’investissements adaptés à leurs besoins. Le soutien renforcé aux régions frontalières orientales, exposées à des défis sécuritaires et économiques majeurs depuis l’agression russe contre l’Ukraine, est également une mesure nécessaire.
Mais cette révision comporte aussi une évolution qui requière notre vigilance : pour la première fois, des fonds de cohésion pourraient être redirigés explicitement vers le secteur de la défense.
Soyons clairs : face au basculement géopolitique que nous vivons, renforcer notre sécurité et notre souveraineté industrielle est indispensable. Mais cela ne doit pas se faire en sacrifiant les piliers sociaux et territoriaux de notre Union. Nous devons refuser les arbitrages perdants entre sécurité et solidarité. La sécurité de l’Europe repose tout autant sur des forces de défense crédibles que sur une société qui fonctionne et ne laisse aucun citoyen de côté, aucun laissé-pour-compte. Les inégalités, la précarité et les fractures territoriales sont les failles dans lesquelles nos adversaires s’engouffrent pour attiser les divisions, nourrir la désinformation et fragiliser nos démocraties. Investir dans la justice sociale est donc aussi un impératif stratégique.
Aussi nous appelons à un financement additionnel pour répondre à la nouvelle priorité qu’est la défense, à l’image de ce que l’Union a su faire pendant la crise du Covid avec le plan NextGenerationEU.
Le Parlement européen devra être au rendez-vous pour défendre cette vision équilibrée : faire face aux menaces sans renoncer à ce qui fait notre force – l’unité, la solidarité, la cohésion. C’est la ligne que nous porterons dans l’examen de cette révision, puis dans les négociations à venir avec le Conseil.