Sylvie Guillaume, au nom du groupe S&D. – Monsieur le Président, Madame la Commissaire Malmström, plus que tout autre, ce débat, bien que prévu de longue date, est aujourd’hui marqué d’un funeste souvenir, celui des nombreux migrants qui ont péri en Méditerranée pour tenter de rejoindre les côtes européennes à la recherche d’un destin meilleur, vous en avez parlé avec beaucoup d’à-propos.

Pourtant, passé le choc de ce drame terrible et après toutes les déclarations émues et indignées, ma crainte est que ce débat ne se réduise au final à de simples aménagements cosmétiques laissant perdurer l’hypocrisie à laquelle nous assistons au fil des années.

Si des instruments existent, et d’autres verront le jour, il faut regretter que leur portée se voie bien trop souvent contredite par l’absence de volonté politique de les mettre en œuvre; par exemple, en refusant obstinément tout dispositif qui permette la mise en place d’un système de répartition des demandeurs d’asile dans le cadre de la réforme du règlement Dublin, ou bien encore en réduisant drastiquement les budgets consacrés à des dispositifs, comme par exemple Frontex, ou encore en faisant porter sur les pays du pourtour méditerranéen la charge de gendarme de l’Europe.

Les États membres n’ont pas donné les signaux qui allaient dans la bonne direction.

Encore aujourd’hui, notre politique migratoire se résume trop souvent à une vision purement répressive, qui, par exemple, fait que certains pêcheurs au large de Lampedusa préfèrent éloigner leur bateau plutôt que d’être accusés d’aider à l’immigration clandestine.

Pour prévenir d’autres Lampedusa, c’est une véritable politique migratoire européenne, commune, solidaire, globale et articulée dont nous avons besoin, pas seulement de morceaux de législation collés les uns aux autres, aussi utiles soient-ils pris isolément. C’est une politique qui ouvre davantage de voies légales à la migration, parce que sans voie légale, finalement, ce sont les passeurs criminels qui vont prospérer et la mort qui va triompher.

 

Sylvie Guillaume (S&D), réponse « carton bleu ». – Je n’ai pas perçu une question de la part de M. Iacolino, j’entends toutefois qu’il indique maintenant qu’il n’y a plus de criminalisation des personnes qui viendraient aider les gens qui sont morts ou qui ont besoin, effectivement, d’être sauvés, plus exactement en mer. Tant mieux si c’est la réalité, mais vous venez aussi de confirmer que cette loi criminalisait les personnes précédemment. Donc, vous confirmez tout de même, Monsieur.