Isabelle Thomas, rapporteure pour avis de la commission de la pêche. − Monsieur le Président, une fois n’est pas coutume, je tiens à féliciter la Commission européenne pour son ambition maritime favorisant ainsi la création d’emplois de la mer et du littoral, à travers l’objectif de croissance bleue.

Si l’ambition est accompagnée de moyens, d’ici 2020, la croissance bleue pourrait nous permettre d’atteindre 7 millions d’emplois et 600 milliards d’euros en valeur ajoutée brute au lieu des 5,4 millions d’emplois actuels et d’une valeur ajoutée brute de 500 milliards d’euros dans le secteur maritime.

Mais, ce soir, au-delà de l’ambition, je veux féliciter la Commission pour les moyens dont elle propose de nous doter pour sa concrétisation. Pour atteindre cet objectif de croissance, il est en effet nécessaire de créer des outils. Il s’agit dans cette proposition de la planification de l’espace maritime et de la gestion intégrée des zones côtières. Sans ces outils, le risque serait que l’objectif de croissance ne reste qu’un slogan ou, pire encore, que cette croissance aboutisse aux mêmes erreurs, notamment écologiques, que celles que nous payons, aujourd’hui, à terre.

La planification spatiale maritime et la gestion intégrée des zones côtières doivent ainsi permettre d’appréhender de manière stratégique les différentes activités maritimes, aussi bien les activités existantes que celles qui se dérouleront à l’avenir, comme dans le domaine de l’énergie ou de la biologie marine.

Avec l’augmentation des usages, les conflits sur les zones côtières sont déjà nombreux. Il s’agira, désormais, à la fois de les anticiper et de les encadrer afin de permettre le partage stratégique dans le temps et dans l’espace des différentes activités maritimes et l’épanouissement de tous les secteurs dans le respect de l’environnement. Le but est de construire une véritable politique maritime intégrée.

L’ambition de cette politique consiste à impulser une nouvelle façon d’appréhender la mer afin que le littoral ne soit plus considéré comme un trait de côte mais comme une interface. Cette interface ne constitue pas une rupture mais un enjeu stratégique. Alors que les zones côtières intègrent souvent les écosystèmes marins les plus vulnérables mais sont aussi les zones les plus fortement impactées par la pollution terrestre, il est crucial qu’un dialogue terre-mer puisse s’instaurer.

C’est là, notamment, dans ces espaces que l’on recense le plus grand nombre de zones de reproduction de poissons et où une catastrophe à terre peut déséquilibrer tout un écosystème, comme on l’a vu récemment avec Fukushima.

Enfin, au-delà de la fonction que ces instruments ont vocation à remplir, je me félicite également que nos travaux au Parlement européen, avec la rapporteure Gesine Meissner – j’en profite pour la remercier également –, aient permis d’améliorer le texte initial en matière de gouvernance et de concertation.