Madame la Présidente, Madame la Présidente du Conseil, Madame la Commissaire, chers collègues,

la coopération entre l’Europe et les États Unis est décisive pour la résolution de la plupart des grands défis mondiaux, et la nouvelle administration américaine est certainement une opportunité.

Elle a déjà pris des initiatives qui ont marqué une rupture avec la précédente: en Irak, sur Guantánamo, sur le bouclier antimissiles. Mais il serait naïf de penser que cela suffira à rendre les points de vue américain et européen identiques en tous points, et que tout sera désormais simple dans les relations transatlantiques.

Qu’il s’agisse de la préparation de Copenhague et de l’aide aux pays en développement, de Doha et du protectionnisme, de la régulation financière et de la lutte contre les paradis fiscaux, de la relance du processus de paix au Proche-Orient ou de la fermeté sur le nucléaire iranien, on se heurte pour chacun de ces dossiers à de très lourdes inerties américaines, qui vont d’ailleurs au-delà de la bonne volonté, ou non, de l’administration, et qui tiennent souvent au poids des groupes d’intérêt sur le Congrès, ou tout simplement à la défense de ses intérêts par une grande puissance qui est bousculée par la nouvelle donne mondiale.

Tous ces domaines ne progresseront que si l’Europe joue pleinement son rôle politique d’acteur global à part entière, dans un partenariat entre égaux – pour reprendre l’expression de Mme la Commissaire – et assume totalement sa responsabilité.

De ce point de vue, je dois dire qu’il y a une certaine confusion dans l’attitude européenne et parfois même une certaine naïveté, y compris au sein de ce Parlement, et que la façon dont est abordée l’idée du grand marché transatlantique, cette vieille lubie de Sir Leon Brittan lorsqu’il était commissaire, présente certains dangers.

Cette affaire des entraves aux échanges est abordée comme s’il ne s’agissait que de problèmes techniques. Bien entendu les échanges économiques, commerciaux entre les États Unis et l’Europe sont importants pour l’emploi, pour les entreprises. Il faut les développer. Toutefois, d’abord, ils ne sont pas vraiment en danger. Ensuite, lorsqu’il il y a conflit, soit cela relève de la défense de nos intérêts économiques – je pense à Airbus – soit cela met en cause nos règles sanitaires, environnementales – dans l’affaire du bœuf aux hormones par exemple, ou du poulet chloré – et nous ne devons donc pas subordonner notre propre modèle intérieur, modèle de société, modèle environnemental, modèle de développement, à l’amélioration des relations économiques, comme si elles étaient un but en soi. Nous devons être capables de combiner les deux, et nous ne devons pas dissoudre notre autonomie politique dans la recherche d’un partenariat qui est un objectif louable en soi.