Sylvie Guillaume (S&D). – Monsieur le Président, Madame la Commissaire, chers collègues, c’est toujours un moment important que celui du débat sur les droits fondamentaux dans l’Union européenne, qui s’appuie sur l’excellent rapport de notre collègue Louis Michel. Cette année encore, le texte dresse une analyse franche et courageuse de la situation actuelle dans les États membres.

De la même façon que nous portons un regard souvent critique sur la situation de ces droits dans le reste du monde, il est de notre devoir de parlementaire européen de reconnaître que, dans quelques domaines, la longue marche pour l’égalité des droits reste encore à mener aussi dans l’Union, et ce plus encore alors que la crise économique perdure et qu’elle laisse sur le bord de la route de plus en plus de personnes marginalisées.

Notre responsabilité est donc certainement de condamner les violences racistes, antisémites, homophobes, transphobes et xénophobes, ainsi que les discriminations qui frappent les migrants et les groupes ethniques, tout cela à des niveaux alarmants, en particulier sur l’internet. Et cela m’amène aussi à rappeler que le Conseil doit se prononcer – enfin! – sur la directive antidiscrimination adoptée par le Parlement il y a maintenant cinq ans.

Mais je retiens également de ce rapport l’appel formulé à l’adresse des États membres pour qu’ils révisent les législations prévoyant des sanctions à l’encontre des personnes qui portent secours aux migrants en détresse en mer. Face à des tragédies comme celle de Lampedusa en octobre dernier, il faut en finir avec des pratiques qui mettent gravement en péril la vie d’êtres humains, et ce quel que soit leur statut.

Dans cette même perspective, nous appelons le groupe de travail pour la Méditerranée à lancer au plus vite un plan complet en matière d’immigration et d’asile, sur la base de la solidarité et du partage des responsabilités. Dans cette démarche, toutes les institutions européennes et les États membres doivent se mobiliser pour améliorer sensiblement les droits des Européens.

Ce débat intervient également alors que, dans certaines de nos démocraties européennes, on traverse des heures sombres, et il y a dans l’atmosphère un fort parfum des années 30. J’en veux pour preuve les discours en faveur de l’édification de frontières de plus en plus étanches, du repli sur soi, la recherche de boucs émissaires aux échecs économiques et sociaux ou encore le dénigrement systématique des institutions.

Il s’agit d’une incroyable remise en cause des valeurs européennes que sont la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre les femmes et les hommes.

C’est dans ce contexte que nous devons exprimer nos préoccupations. Nous devons nous mobiliser pour que les droits fondamentaux ne se réduisent pas à de simples vœux pieux. Et dans un contexte déjà inquiétant, j’estime qu’il est particulièrement surprenant de voir fleurir une résolution alternative, qui masque de réelles problématiques et qui gomme notamment toute référence aux questions de droit et à la santé sexuelle ou encore au programme de surveillance de la NSA.