Sylvie Guillaume (S&D). – Monsieur le Président, chers collègues, je regrette que nous ayons une fois de plus à discuter ensemble du blocage du dossier sur la réinstallation.

 

Cela fait plus d’un an, déjà, que nous nous sommes prononcés, mais les discussions continuent d’achopper sur des questions techniques. Nous sommes très très loin des préoccupations des réfugiés qui vivent dans des conditions extrêmement précaires, sans aucune perspective quant à l’évolution de leur situation.

 

Aujourd’hui plus qu’hier, il y a urgence à agir pour trouver enfin une solution à l’impasse institutionnelle dans laquelle nous nous sommes engouffrés depuis beaucoup trop longtemps déjà. Notre objectif doit être celui d’apporter une aide concrète aux candidats à la réinstallation, dont le nombre n’a cessé d’augmenter.

 

Soyons honnêtes, accorder la protection internationale à celles et ceux qui en ont besoin, ce n’est pas se contenter – même si c’est déjà difficile – de leur accorder un statut. Ce n’est pas un simple papier avec un coup de tampon dessus. Non, il s’agit de donner des moyens à ces personnes de reconstruire leur vie en toute sécurité. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2010, seuls 4 700 réfugiés ont été réinstallés dans l’Union européenne, ce qui représente 4,4 % de tous ceux qui l’ont été cette année-là. Au regard de ce score assez peu fameux, il faut bien le dire, rappelons que ce programme est destiné à inciter les États membres à se joindre au mouvement de solidarité collective dans lequel des pays comme les États-Unis et le Canada sont déjà largement engagés. Mais au-delà des chiffres, c’est aussi le contenu même de la réinstallation, la qualité du dispositif européen qui importe.

 

Ce dispositif doit s’appuyer sur plusieurs éléments essentiels. J’en cite trois: une définition claire des critères de sélection fondée sur des notions de vulnérabilité et de besoins de protection; des conditions d’accueil adéquates ainsi qu’un accès aux soins, en particulier en matière de santé mentale, pour aider les réfugiés à se reconstruire; un accès à l’emploi ou aux formations, accompagné de cours de langues pour leur permettre de devenir plus autonomes rapidement.

 

On ne cesse de nous rebattre les oreilles avec de nombreux discours d’austérité, selon lesquels l’accueil des réfugiés coûterait bien trop cher. J’en profite pour rappeler que l’argent disponible du Fonds européen pour les réfugiés risque, si nous ne nous sortons pas de cette impasse, d’être inutilisable à l’horizon 2013. Nous marchons donc sur la tête.

 

L’Union européenne a des responsabilités, elle ne peut les esquiver davantage. Les États membres doivent s’engager à offrir plus de places. Les bonnes intentions ne suffisent plus. Il faut passer aux actes.