Sylvie Guillaume (S&D). – Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Commissaires, chers collègues, la liberté de circulation des Européens est un droit fondamental auquel une très large majorité de nos concitoyens sont très attachés. Ce principe est au cœur de la réalisation de la citoyenneté européenne.
Dans ce débat, il faut d’abord et avant tout se concentrer sur les faits plutôt que sur des mythes véhiculés par certains élus conservateurs ou populistes au travers d’accusations infondées. Ce sont des amalgames douteux qui sont entretenus.
Quelques chiffres donc pour en revenir aux faits: seuls 2,8 % des citoyens européens vivent dans un autre pays que leur pays d’origine. La plupart d’entre eux sont des contribuables. En particulier, 79 % vivent dans un ménage dont au moins un des membres a un emploi. Les dépenses de santé pour les citoyens européens mobiles non actifs représentent 0,2 % du total des dépenses de santé.
Enfin, comme il était indiqué à l’instant sur le côté massif ou invasif de la mobilité, 24 Roumains semblent être arrivés au Royaume-Uni depuis le début de l’année et ce sont, pour les Pays-Bas, 21 Roumains et 15 Bulgares sur lesquels les entreprises se sont d’ailleurs précipitées.
Des règles, des obligations – si on le dit autrement – existent déjà au niveau européen pour encadrer les conditions de résidence et les droits aux prestations sociales des citoyens européens décidant d’aller travailler dans un autre pays que le leur. Elles doivent donc d’abord être mises en œuvre. Il faut cesser de pointer du doigt, sans preuve de surcroît, l’immigration des citoyens européens comme seule responsable des difficultés des finances publiques.
Il n’est donc pas acceptable que ces citoyens européens soient ainsi considérés a priori comme des boucs émissaires bien utiles pour masquer la responsabilité de certaines politiques. En effet, ce débat relève davantage de questions de politique interne à des fins purement électoralistes et aux relents nationalistes. C’est ce type de discours qui est entretenu par des élus qui mélangent allègrement, et quelquefois intentionnellement, les questions de levée des mesures transitoires et l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à Schengen. Ce sont les mêmes qui accusent les citoyens européens de tourisme aux prestations sociales mais pour qui le maintien de règles opaques sur le détachement des travailleurs n’est absolument pas un problème, et qui s’opposent par ailleurs farouchement au fait que tout sous-traitant direct soit tenu responsable pour le non versement du salaire à un travailleur détaché.
Ces travailleurs européens mobiles contribuent de façon importante à nos économies et nous devons le réaffirmer avec force. Les solutions sont ailleurs: dans la relance de nos économies, dans la défense des droits des travailleurs et la lutte contre la pauvreté. Nous refusons l’idée selon laquelle il y aurait des citoyens de première et de seconde classes, ce n’est clairement pas cette orientation que nous souhaitons à l’avenir pour l’Europe.