Sylvie Guillaume (S&D). – Monsieur le Président, je regrette évidemment les retards procéduraux qui se sont accumulés sur ce dossier mais je veux aujourd’hui saluer l’adoption de ce programme européen de réinstallation. Un programme commun, qui – je l’espère, nous l’espérons tous – permettra de renforcer la participation des États membres à l’effort mondial de réinstallation – n’oublions pas que la réinstallation comporte une dimension globale – et d’améliorer aussi la qualité des procédures d’identification, d’accueil et d’intégration qui sont mises en place. C’est un programme qui permet aussi que le recours au Fonds européen pour les réfugiés ne soit pas définitivement compromis, même si le temps est court maintenant. C’est enfin un programme qui permettra que l’Union européenne ne soit plus aux abonnés quasi absents face à une situation de crise humanitaire, comme cela a été le cas pour l’accueil des réfugiés en provenance de Lybie. Mais j’en dirais un mot tout à l’heure.

 

Ceci étant posé, il est aussi temps de regarder vers l’avant, vers l’avenir. Le temps des grandes déclarations est révolu. Il faut dès à présent donner chair, donner corps à ce programme européen de réinstallation et considérer comment, dans la pratique, nous pouvons travailler de concert avec les États membres et les autres principales parties prenantes aux activités de réinstallation.

 

Je veux, à cet égard saluer, un programme qui existe: le projet pilote sur la réinstallation lancé à l’initiative du Parlement européen, qui de manière très innovante et sur la base d’échanges de pratiques, permet d’élaborer un réseau européen de réinstallation des villes et des régions. Bien que les autorités nationales soient en charge de la sélection de réfugiés installés, les autorités régionales et locales jouent en effet un rôle tout à fait déterminant en matière d’accueil et d’intégration, une fois que ces réfugiés sont arrivés sur place. La réussite des programmes nationaux de réinstallation dépend aussi fortement de l’engagement, de la capacité et des partenariats des villes, des municipalités et des régions.

 

Autre sujet sur lequel il nous faut agir dans la pratique: la mise en œuvre pleine et effective des programmes de réinstallation. Il faut noter en effet, selon nos informations, une baisse significative dans les départs effectifs des réfugiés qui sont acceptés pour cette réinstallation, et cette tendance serait due à des vérifications de sécurité très minutieuses et à divers problèmes dans la gestion des procédures de réinstallation. Il faut donc rappeler, dans ce contexte, que beaucoup d’États arguent aussi de la saturation de leur capacité d’accueil pour renoncer à une politique de réinstallation.

 

Il convient donc de rappeler une fois de plus que ces projets nationaux ou transnationaux ont permis, au contraire, d’offrir des conditions d’accueil et d’intégration aux réinstallés et que ceci désengorge d’une certaine manière les dispositifs d’accueil et permet un accès rapide des réinstallés à l’autonomie.

 

Je profite des vingt secondes qu’il me reste, Monsieur le Président, pour revenir sur ce que disaient M. Díaz de Mera et M. Busuttil, qui ont malheureusement quitté l’assistance. J’étais également à Choucha – pour le coup, nous ne parlons pas de programme, nous ne parlons pas d’argent, nous parlons d’êtres humains –, nous étions à Choucha il y a quelques semaines et malheureusement je veux bien parier que les personnes qui étaient sur place, pour beaucoup d’entre elles, y sont encore, ce qui prouve à l’évidence – mais Mme Malmström le sait – qu’il faut encore beaucoup agir sur les conditions pour que des offres soient faites pour accueillir les personnes qui en ont véritablement besoin.