Liem Hoang Ngoc (S&D). Mes chers collègues, Monsieur le Président de la Banque centrale européenne, ce rapport annuel fait enfin tomber certains tabous. Il invite la Commission à créer une Fondation européenne de notation de crédit et à envisager la suspension temporaire de la notation des pays faisant l’objet d’une aide de l’Union. Ce rapport reconnaît le bien-fondé du rachat, par la BCE, de titres souverains sur le marché secondaire, ce qui a permis aux banques de préserver leur bilan et de continuer à emprunter sur le marché interbancaire. Une crise de liquidité a ainsi pu être évitée.

 

Mais, pour désamorcer la crise des dettes souveraines, il faudrait que la BCE soit autorisée à intervenir sur le marché primaire, à l’heure où il devient illiquide. L’Allemagne a elle-même dû mal à lever des fonds. Les émissions de bons italiens se font à des taux toujours plus élevés. Faute d’une telle intervention, les risques de défaut de l’Italie compromettraient sérieusement la santé des banques. Celles-ci accorderaient moins de crédits et ne parviendraient pas à respecter les nouveaux ratios de solvabilité requis.

 

Le rapport du Parlement souligne aussi la nécessité d’un Trésor européen, qui doit pouvoir, comme aux États-Unis, émettre des bons du trésor fédéraux à moindre taux. En cas de spéculation, la BCE doit, comme aux États-Unis et au Royaume-Uni, être autorisée à racheter ces eurobonds. Savez-vous que ces deux pays se financent à des taux historiquement bas, et ce malgré la dégradation de l’un d’eux par une agence de notation?

 

Mes chers collègues, la situation n’est pas celle des années 20 en Allemagne: les capacités de production sont aujourd’hui sous-utilisées. Il n’y a donc pas d’inflation par la demande. Il n’y a pas plus d’inflation par les coûts en raison de la modération salariale, ou parce que la conjoncture morose réduit le coût des matières premières malgré la spéculation. Il est temps de reconnaître que l’heure est à l’audace monétaire, faute, pour l’heure, d’admettre l’absurdité de l’orthodoxie budgétaire en période de récession.