Monsieur le Président, chers collègues,

la crise financière, économique et sociale que nous traversons est sans précédent. Elle frappe durement notre continent et ses populations, provoque d’immenses difficultés sociales et humaines et la Grèce, malheureusement, en est un exemple brutal et honteux pour nous.

Le chômage ne cesse de croître. Déjà, des millions d’Européens sont sans emploi et le chiffre s’élève de jour en jour. La réponse se doit d’être politique, forte, rapide, coordonnée, prenant en compte la grave crise environnementale que nous vivons et qui nécessite un nouveau modèle de développement.

Ces crises multiples génèrent, de la part de nos concitoyens, une forte attente et un espoir auquel la stratégie Europe 2020 aurait dû répondre. Mais face à ces défis d’une ampleur exceptionnelle, la réponse n’est pas au rendez-vous, je le déplore. Les orientations définies en mars dernier par le Conseil européen ne sont pas à la hauteur. Pas de volonté, pas d’ambition mais, malheureusement, cela ne m’étonne plus.

Partout, vous-mêmes, membres du Conseil ou de la Commission, vous-mêmes et vos commissaires vantez les cohérences de vos politiques. Mais j’ai l’impression que ce n’est qu’un concept servant de paravent pour masquer votre inaction. Vous n’avez pas de stratégie cohérente combinant les politiques économique, sociale, commerciale, industrielle, agricole ou de recherche pour assurer un développement durable et équitable.

En sus, la dimension extérieure de l’action européenne dans son volet commercial est introuvable ou sous l’égide de l’intouchable dogme libéral « global Europe ». Nous souhaitons que le commerce soit un véritable instrument au service de la création d’emplois et de la croissance, de la lutte contre la pauvreté et du développement.

Mais vous poursuivez − non pas pour des raisons techniques mais pour des raisons politiques − un objectif différent: course à la réduction des coûts et à la baisse des salaires, course aux accords de libre-échange bilatéraux au détriment du multilatéralisme, avec, comme conséquence, un dumping social et fiscal. Cette politique a causé trop de pertes d’emplois, trop de délocalisations, trop de casse sociale pour continuer ainsi.

Pour conclure, nous attendons de la Commission et du Conseil qu’ils redonnent souffle à l’esprit communautaire, refusent les égoïsmes nationaux pour faire de l’Europe un havre non seulement de prospérité, mais aussi de solidarité. Faire que l’Europe donne une autre image d’elle-même non seulement à ses propres concitoyens, mais aussi au reste du monde: c’est tout le sens de la résolution du groupe socialiste et démocrate.