Eric Andrieu, au nom du groupe S&D. – Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, merci de votre intervention, je sais le travail que vous faites au sein de la Commission et je voudrais ici vous en remercier publiquement.

Ceci dit, il est vrai que, sur la question du glyphosate, la position que la Commission a prise quant au renouvellement de son utilisation pour dix ans ne paraît pas convenir à la situation du moment, tant il est vrai – vous l’avez rappelé dans vos propos – que nous sommes au cœur d’une controverse forte, même si bon nombre d’études – vous l’avez dit aussi – révèlent que le glyphosate ne serait pas potentiellement cancérigène. Pour autant, d’autres affirment le contraire. Il est vrai que, dans ce moment où nous devons choisir, vous, en tant que Commission mais aussi nous, ici, au sein du Parlement, avons un devoir d’exigence quant à la qualité et à la véracité des approches scientifiques. Vous n’êtes pas scientifique, nous non plus ici, et nous devons nous appuyer sur des recherches réelles. Mais, actuellement, ne pas s’appuyer sur le principe de précaution ne me semble pas adapté en tant que position responsable et politique.

Vous l’avez dit également, vous avez fait référence aux «Monsanto Papers» et nous savons les uns et les autres les révélations qui y sont faites. Au moment où la justice américaine et le tribunal californien se saisissent de cette situation, il apparaît, à notre connaissance, que Monsanto aurait su depuis 1999 que cette molécule était potentiellement cancérigène.

Aujourd’hui, c’est dans ce contexte que le débat a été ranimé, ici, à travers cette question orale. Dans tous les cas et en ce qui me concerne, je ne peux pas en prendre la responsabilité et je ne participerai pas à ce qui peut ou pourrait potentiellement s’apparenter à un acte criminel, tant il est vrai que, s’il était révélé exact que le glyphosate était potentiellement cancérigène, nous devrions assumer collectivement une grande responsabilité.

Aussi, je vous demande solennellement d’appliquer à l’instant ce principe de précaution absolu et, ensuite, de prendre en compte, comme vous l’avez dit expressément, l’ensemble des expertises scientifiques sur ce sujet et pas uniquement celles réalisées par les agences de la Commission européenne, et enfin permettre l’accès à toutes leurs études dans un souci de transparence absolue.

Enfin, je vous demande de préparer, dès à présent, d’autres molécules possibles pour nos agriculteurs dans l’hypothèse où le glyphosate se révélerait potentiellement cancérigène car, une fois encore, si nous ne faisons rien, ils seront les premières victimes d’un système dont ils sont les otages.