La délégation de la gauche sociale et écologique a pris connaissance avec intérêt de la déclinaison française du plan de relance européen, « France Relance », présenté conjointement avec la déclinaison allemande.

Un mot d’abord sur la méthode : le document présenté par Bruno Le Maire est rébarbatif, listant dans les 727 pages jusqu’au nombre de véhicules électriques qui seront achetés pour les fonctionnaires de police avec ces fonds européens (le détail figure page 211 si vous êtes intéressé). La responsabilité n’incombe pas spécialement au Ministre de l’économie et des finances : parce que les Pays-Bas ont ajouté une clause pour que le versement des fonds à destination des États soit validé à chaque fois par les 27 – éventuellement au niveau du Conseil européen ! – la Commission européenne a tenté d’éviter des blocages politiques ultérieurs en exigeant un maximum de jalons « objectifs » de façon à avoir des débats apaisés. Résultat, et c’est là un premier problème, si un État souhaite être certain de percevoir les fonds, il doit veiller à fixer des objectifs atteignables. Avec le risque du saupoudrage : la mise aux normes des stations d’épuration des eaux usées pour 60 000 habitants, réhabiliter 280 km de réseau d’eau potable, etc. Une multitude « d’objectifs de faible dimension » additionnés pour atteindre 41 milliards d’euros rend le tout particulièrement indigeste, et pour tout dire illisible.

« Si l’ambition affichée pour la rénovation énergétique semble ambitieuse (5,8 milliards sur les 41 milliards), seulement 500 millions seront destinés au logement social. 500 millions sur 2 ans ! On est loin des « 7,5 milliards par an d’investissement supplémentaire dans les passoires énergétiques » demandés par le rapport qu’Olivier Sichel, numéro 2 de la CDC, a remis au gouvernement au mois de mars » pointe Pierre Larrouturou, eurodéputé Nouvelle donne, membre de la Commission des budgets et Rapporteur du budget de l’UE 2021. « Les habitants des logements sociaux sont pourtant les premières victimes de la précarité énergétique, ceux qui ont le plus besoin d’aide pour faire face aux factures d’énergie. Et des investissements massifs auraient un effet immédiat sur le CO2 et sur l’emploi » insiste l’eurodéputé.

L’autre scandale réside dans les mesures structurelles : on découvre dans le document que la réforme des APL est une réforme sociale, comme la réforme du calcul de l’assurance chômage. Comme celle à venir des retraites, qui figure dans le document. Comme le projet d’une « règle d’or » budgétaire, donc de l’austérité, dès que la pandémie sera terminée, mais sans augmenter les impôts, et surtout pas pour les plus riches !

Alors certes, il y a quelques bonnes nouvelles : le soutien au fret ferroviaire notamment, aux trains de nuit. Le fait que la France et l’Allemagne se coordonnent sur des sujets majeurs, notamment le numérique, l’hydrogène. « Mais elles ne contrebalancent pas les promesses de mesures structurelles austéritaires ni l’ambition climat certes existante mais loin d’être à la hauteur de ce qu’exige la science » concluent les membres de la délégation de la gauche sociale et écologique.