Strasbourg, le 15 mars 2007

Rapport Arif / Euromed

Dix ans après la conférence euro-méditerranéenne de Barcelone, les résultats du partenariat global entre l’UE et les pays du bassin méditerranéen sont pour le moins mitigés et l’idée même d’un partenariat privilégié ne semble plus être une priorité. Le 15 mars, le Parlement européen a adopté un rapport d’analyse du socialiste français Kader Arif sur les résultats économiques de cette coopération. Il avance certaines suggestions pour la création d’une zone de libre échange (ZLE) euro-méditerranéenne mutuellement bénéfique.

« Dans un contexte instable politiquement et brouillé institutionnellement, réfléchir sur une zone de libre-échange en Méditerranée nécessite avant tout un regard éminemment politique« , a déclaré le rapporteur. Le contexte politique difficile, marqué par la guerre au Liban et l’absence de perspectives de paix au Proche-Orient, provoque toutefois une instabilité qui bloque le processus. Le contexte est aussi celui d’une nette « asymétrie » dans les domaines économique, social et démographique. Un déséquilibre aussi bien Nord-Sud en Méditerranée que Sud-Sud. Kader Arif a souligné aussi la faiblesse des investissements et l’impact, en particulier sur le textile, de la montée en puissance du commerce asiatique, surtout chinois.

Il faut aussi reconnaître que les retards, parfois substantiels, dans la réalisation des réformes économiques et politiques nécessaires à la création d’un véritable marché euro-méditerranéen, imposent de revoir l’année 2010 comme date d’entrée en vigueur de cette zone de libre échange, indique Kader Arif qui est membre de l’assemblée parlementaire mixte Euromed. « Notre priorité doit être la constitution d’un véritable espace socio-économique euro-méditerranéen intégrant au volet économique l’ensemble des questions sociales et environnementales, c’est pourquoi cette zone de libre-échange ne pourra se bâtir que progressivement, de manière maîtrisée, graduelle et concertée. »

Pour Kader Arif et ses collègues socialistes, Marie-Arlette Carlotti, Béatrice Patrie et Adeline Hazan, membres de la même assemblée parlementaire mixte, « le commerce ne peut être considéré comme une fin en soi et nous ne pouvons nous focaliser uniquement sur ce volet du partenariat Euromed qui comporte trois piliers intrinsèquement liés visant à faire du bassin Méditerranée un espace commun de paix, de stabilité et de prospérité. »

Pour que cette zone de libre-échange ne se fasse pas au détriment de certains secteurs clés fragiles que ces pays ont le droit de défendre avant de se confronter à la concurrence, ni au détriment du bien-être social des populations, le rapporteur propose notamment d’adapter le rythme et l’intensité du processus d’ouverture des marchés. Mais également le soutien à une intégration économique préalable et rapide de ces Etats, la progressivité du processus d’ouverture en fonction des réformes menées et en tenant compte des réalités socio-économiques de ces pays, le maintien d’un système asymétrique fondé sur des préférences commerciales et sur le maintien d’outils de gestion de l’offre, le renforcement de la coopération et de l’intégration Sud-Sud, la mise en place de mesures d’accompagnement en mobilisant les instruments financiers à la disposition de l’UE pour soutenir la modernisation des structures de production industrielles et agricoles et les démarches de partenariat structurels. Pour attirer les investissements il est aussi nécessaire de garantir une zone d’investissement stable, des réseaux régionaux d’infrastructures et de transport euro-méditerranéen, ainsi que la création d’une banque euro-méditerranéenne de développement. Il faut aussi réfléchir à une forme de politique agricole intégrée pour la région méditerranéenne axée sur la sécurité alimentaire et une politique hydrique viable.

Un regain de volonté politique chez tous les partenaires et le retour de la coopération euro-méditerranéenne au rang des priorités de l’UE sont les conditions indispensables à la relance et à la réussite du processus de Barcelone et d’une zone de libre échange au service de la réduction de l’écart de développement entre les deux rives de la Méditerranée.

Pour l’eurodéputé socialiste, « l’absence de définition claire de la politique méditerranéenne de l’UE et de vision stratégique de long terme pour le développement et la stabilisation de la région est sans conteste le principal handicap et source de blocage du partenariat euro-méditerranéen.  Répondre à cette carence doit être notre ambition et le moteur de nos actions futures… »