Thomas Pellerin-Carlin, Membre de la Commission Industrie, Recherche et Energie

Emma Rafowicz, Vice-Présidente de la Commission Education et Culture

Christophe Clergeau, Vice-Président du Groupe S&D

À l’occasion de l’évaluation du Parlement européen sur le programme-cadre Horizon Europe et des recommandations pour le dixième programme-cadre de recherche (FP10), la délégation française du groupe Socialiste et Démocrate au Parlement européen se félicite des avancées majeures obtenues, tout en rappelant la nécessité absolue de protéger et renforcer la recherche européenne face aux assauts obscurantistes, en Europe comme aux États-Unis.

Le rapport d’initiative adopté le 11 mars permet d’ancrer durablement une politique européenne ambitieuse en matière de recherche et d’innovation. L’évaluation menée par le Parlement européen, centrée sur la conception, la mise en œuvre et les résultats du programme Horizon Europe, a permis de souligner l’importance des trois piliers (excellence scientifique, défis mondiaux et compétitivité industrielle européenne, Europe innovante), tout en proposant des ajustements essentiels pour le futur programme FP10.

Nous saluons particulièrement la proposition forte de maintenir un cadre autonome pour la recherche européenne, séparé des logiques de course aux profits à court terme, conformément à la demande portée avec succès par notre groupe politique. Dans un contexte d’instrumentalisation de la recherche, où, aux États-Unis, l’administration Trump mène une véritable guerre contre la science, censurant des recherches sur le climat, la biodiversité, et la santé publique, il est crucial que l’Europe affirme son soutien sans ambiguïté à une recherche libre, indépendante et ambitieuse.

À ce titre, nous avons obtenu l’objectif ambitieux d’allouer au moins 35 % des fonds à la recherche en faveur des objectifs climatiques, en ligne avec les engagements du Pacte Vert européen. Cet objectif, fortement contesté par certains groupes conservateurs et d’extrême droite au Parlement européen, est crucial pour affronter le défi climatique qui conditionne notre avenir commun.

Beaucoup de points du débat restent ouverts. Nous souhaitons que la politique européenne de recherche donne plus de place aux écosystèmes locaux et régionaux d’innovation et aux projets qui émergent au plus près des réalités locales et des PME.

Nous considérons aussi que le programme cadre doit mieux contribuer à l’invention de solutions pour la transition énergétique et écologique et défendons la continuité des “missions” lancées sur les océans, le cancer, la ville durable, le climat et les sols.

Face aux attaques obscurantistes, l’Europe doit aussi devenir un refuge pour la liberté scientifique. Nous considérons nécessaire d’établir un mécanisme européen de protection de la liberté académique qui intégrerait la liberté de chercher et la liberté d’enseigner, et qui pourrait permettre de saisir un défenseur européen des droits académiques en cas d’atteintes. Nous appelons également à renforcer la mobilité des chercheurs et à augmenter massivement les financements dédiés aux infrastructures de recherche européennes, notamment dans les secteurs d’avenir tels que la quantique et l’intelligence artificielle.

Sur ce sujet, nous demandons également à la Commission européenne, via une question écrite, d’imposer l’UE comme un refuge pour les chercheurs menacés aux Etats-Unis dans les organismes scientifiques publics comme l’Agence de protection de l’environnement (EPA) ou l’Administration nationale des océans et de l’atmosphère (NOAA).

Face à ceux qui cherchent à asservir ou étouffer la science pour des raisons politiques, l’Europe doit être au rendez-vous. Notre engagement est clair : la recherche est clé pour notre souveraineté, notre prospérité, et notre avenir commun.