La prison de Sednaya est tombée, symbole de la cruauté d’un régime barbare appuyé par la Russie et l’Iran. La chute de Bachar al-Assad tourne une page sombre de l’Histoire. Mais ce n’est qu’une page, et l’Histoire reste à écrire. Treize ans de guerre civile, de répression et de barbarie ont laissé un peuple brisé, exilé, meurtri.

Alors que le Parlement européen a mis la situation en Syrie à son agenda, la délégation française du groupe S&D appelle l’Europe à être à la hauteur de ce moment historique. Il ne s’agit pas seulement de dénoncer les horreurs du passé ou de célébrer la fin d’une tyrannie. Il s’agit de bâtir, avec les Syriens, un avenir de paix, de justice et de démocratie pour toutes et tous.

Depuis 13 ans, les Syriens ont subi la mort, la torture, la faim, et l’exil, souvent dans le silence et dans l’indifférence générale. Une extrême-droite fascinée par les régimes autoritaires et certains à gauche enfermés dans un anti-américanisme aveugle ont participé à leur invisibilisation.

Aujourd’hui, les Syriens ont besoin d’un soutien massif et immédiat

Refuge et dignité : ne pas trahir ceux qui ont fui

Alors que certains États européens s’empressent déjà de trouver des moyens d’expulser les Syriens, nous rappelons une évidence : la Syrie reste un champ de ruines, et son avenir est encore incertain. Cesser de protéger les Syriens exilés est non seulement prématuré, mais indécent.

Nous demandons aux États membres de l’Union européenne d’agir avec humanité ; des dérogations doivent être accordées pour ceux qui retournent temporairement en Syrie à la recherche de proches disparus, pour que ces démarches n’entraînent pas la perte de leur protection. Ils doivent être des ponts entre la Syrie et l’Europe.

Pour une Syrie libre, juste et en paix, des principes essentiels, sans lesquels aucun avenir durable ne sera possible

L’intégrité territoriale de la Syrie est un socle indispensable à sa reconstruction. Sa souveraineté aussi, alors que les puissances régionales continuent à utiliser la Syrie comme un terrain de jeu. Nous devons accompagner les Syriens dans une transition pacifique et démocratique.

L’urgence humanitaire est immense, et l’Europe doit répondre présente, avec des moyens à la hauteur des besoins criants d’un peuple dévasté.

Les différents cultes, les minorités diverses, les opinions divergentes doivent être protégés.

Il ne peut y avoir de justice sans vérité : les responsables des crimes contre l’humanité doivent répondre de leurs actes devant les tribunaux internationaux. Nous nous mobiliserons contre l’impunité.

Ce combat dépasse les frontières de la Syrie : il engage aussi notre conception de l’humanité, de la justice et de la solidarité. C’est un enjeu pour la Syrie, mais aussi pour la région, pour l’Europe et pour le monde.

Nous, Européens, n’avons pas été assez là pour aider les Syriens dans la guerre qui leur était menée. Nous avons le devoir d’être là dans la paix qu’ils doivent désormais construire.