Les eurodéputés socialistes et démocrates sont inquiets de la crise persistante de la zone euro. Réunis aujourd’hui à Varsovie, les principaux dirigeants du groupe S&D ont adopté une déclaration politique – la déclaration de Varsovie – dans laquelle ils proposent un plan d’action pour une sortie de crise juste et durable.

 

Le texte complet de la déclaration est disponible ci-dessous:

 

DÉCLARATION DE VARSOVIE

 

 

Les députés européens socialistes et démocrates sont très préoccupés par l’absence de solutions durables à la crise de la zone euro.

 

Trois ans après la chute de Lehman Brothers et le tsunami financier qui en a résulté, les leaders européens se montrent toujours incapables d’apporter une réponse juste et efficace à la crise.

 

La majorité conservatrice au sein du Conseil européen a agi bien souvent trop peu et trop tard. Leurs décisions ont été motivées davantage par des intérêts égoistes que par la nécessité d’aboutir à une solution globale et durable à la crise. Elles reflètent une politique des petits pas pour répondre essentiellement à la pression des marchés.

 

Pour des raisons purement idéologiques, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE ont engagé l’économie européenne sur la voie de l’austérité ne laissant aucune marge de manœuvre à l’investissement public pourtant indispensable pour soutenir la croissance et l’emploi.

 

Les décisions des leaders européens ont été prises sans l’intervention de la Commission européenne et sous un contrôle minimum du Parlement européen.

 

Au final, elles s’avèrent non seulement inefficaces, mais elles ont un coût économique et social très élevé pour l’Europe.

 

Aujourd’hui, l’économie européenne est au bord d’une nouvelle récession. Le chômage et la pauvreté continuent d’augmenter dans l’Union européenne. Face à cette situation, nos citoyens et en particulier les jeunes sont de plus en plus frustrés.

 

Nous devons changer de cap. Nous proposons une stratégie alternative pour relancer l’économie européenne.

 

Nous avons besoin d’un mécanisme de gestion commune de la dette publique des Etats par la création d’obligations européennes, des Eurobonds. Les Eurobonds pourraient réduire le coût global de la dette en Europe, protéger les Etats de la zone euro contre les attaques spéculatives des marchés et accroître la liquidité.

 

Nous voulons dès maintenant une taxe sur les transactions financières. La Commission européenne, la Chancelière Angela Merkel et le Président Nicolas Sarkozy se sont finalement rallié à notre proposition, mais pour l’introduire seulement en 2018. Une FTT aiderait les Etats membres à réduire leurs déficits publics et contribuerait à financer les investissements nécessaires pour atteindre les objectifs de la stratégie UE 2020 en faveur d’une croissance innovante, écologique et plus équitable.

 

L’Europe doit se doter d’une règle d’or pour garantir l’investissement public et non l’austérité. C’est possible si on permet aux Etats membres de fixer des objectifs à moyen terme de réduction des dépenses et simultanément des objectifs d’investissement public dans leur programme de réforme national.

 

Nous avons besoin d’une coordination de nos politiques fiscales pour développer une croissance juste et créatrice d’emplois. Cette stratégie pourrait s’appuyer sur une assiette commune de l’impôt des sociétés, le développement de normes fiscales communes et une réforme ambitieuse de la fiscalité de l’énergie.

 

Le budget de l’UE doit être doté de ressources suffisantes pour qu’il joue son rôle de levier pour développer la croissance et les investissements mais aussi comme instrument clé de la solidarité européenne.

 

A plus long terme, nous aurons besoin d’une réforme institutionnelle de la gouvernance économique afin qu’elle puisse prendre des décisions plus efficaces et plus démocratiques, au niveau européen et de la zone euro.

 

Il est grand temps de prendre des mesures résolues, en droite ligne avec nos propositions, pour protéger notre économie. Nous exhortons le Conseil européen à mettre de côté ses intérêts nationaux et à agir pour défendre l’intérêt européen commun.