Le sommet du 15 et 16 octobre, c’était un peu comme le festival de théâtre d’Avignon : il y avait un « On » et un « Off ». Le « On » était essentiellement consacré aux suites du Brexit et aux objectifs climatiques de l’Union européenne.
« Boris Johnson n’est pas Shakespeare et la pièce qu’il nous offre a un goût de déjà-vu. Pour notre part, comme Michel Barnier et les 27, nous faisons nôtre le réputé flegme britannique : nous restons sur les mêmes principes et la même approche, transparente, ouverte et proportionnée, sur ce qui est possible ou pas dans le nouvel accord. Première ligne rouge, le respect de l’accord de retrait, donc de l’accord du Vendredi saint afin de garantir la paix et la stabilité sur l’île d’Irlande. Deuxième ligne rouge, pas question d’un Singapour-sur-Tamise : nous voulons des règles du jeu équitables et refusons le dumping social, fiscal et environnemental aux portes de l’Union européenne. Troisième point, nous voulons un accord juste pour les pêcheurs européens qui, depuis des siècles, vont pêcher au large du Royaume-Uni » explique Sylvie Guillaume, Présidente socialiste de la délégation de la gauche sociale et écologique. Rappelons aussi que le principal débouché du poisson capturé par les pêcheurs anglais n’est autre que l’Union européenne : un blocage sur ce dossier ne serait au profit ni des pêcheries britanniques, ni des pêcheries françaises et européennes.
Autre point à l’agenda, les objectifs climatiques de l’Union : là-dessus, le Conseil fait encore preuve de manque d’ambition, en restant à priori sur une réduction des émissions de gaz à effet de serre de -55% à horizon 2030 comme proposé par la Commission, et en renvoyant toute décision à décembre (avec peut-être une préférence pour une décision unanime, ce déboucherait sur le plus petit dénominateur commun). Le Parlement européen vient de s’exprimer pour un rehaussement à -60% de cet objectif.
« Les discussions du « Off » avaient quant à elles l’objectif de débloquer les discussions autour du plan de relance à 750 milliards d’euros et du Cadre financier pluriannuel » explique Sylvie Guillaume. « Avec la dégradation de la situation sanitaire, économique et sociale, la pression est forte pour que les négociateurs – Parlement et Conseil – se contentent d’avaliser l’accord de juillet entre chefs d’États et de gouvernements. Or si le plan de relance, financé par un emprunt européen inédit, est effectivement nécessaire et urgent, le futur Cadre financier pluriannuel est le socle de nos politiques européennes et c’est bien là que le bât blesse car son volume est historiquement faible. » ajoute l’eurodéputée. « En outre le Parlement européen est clair : nous demandons des garanties sur les nouvelles ressources propres et la mise en place d’un mécanisme qui permettrait de lier le versement des fonds européens au respect de l’État de droit n’est pas négociable » concluent les membres de la délégation.