Le Parlement européen a débattu, aujourd’hui, avec Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso de la position du Conseil sur le budget européen pour la période 2014-2020. Récusant un faux débat « entre bons et mauvais Européens, entre responsables et irresponsables », Herman Van Rompuy a lancé « ce n’est pas un concours de beauté ».

La référence involontaire à Keynes en dit long : la théorie du concours de beauté de Keynes, c’est celle où le gagnant est celui qui s’approche le plus possible du consensus global. C’est également dans cette théorie que Keynes démonte un mécanisme spéculatif qui fait que la valeur dépend plus de représentations et d’anticipations que de fondements réels. En terminant son intervention ainsi, Herman Van Rompuy, au lieu de choisir des faits, aurait-il cédé à la tentation de l’irrationnel ?

Comme les marchés dans cette théorie keynésienne, Van Rompuy et le Conseil se trompent : en détricotant le budget européen pour améliorer la situation des budgets nationaux, ils ne parviennent absolument pas à « une allocation des capitaux efficace ».

Là où les chefs d’Etats et de Gouvernement ont décidé d’être « moyens » – c’est le sens du concours de beauté – nous choisissons d’être responsables et donc exigeants : le budget européen est un budget d’investissement à 94 %. Face à la récession nous avons besoin de croissance – et donc d’investissements – pour résorber la dette. Les Etats n’ont plus la possibilité d’investir, l’impact d’investissements nationaux est, par ailleurs, inférieur à ceux effectués au niveau européen…

Monsieur Van Rompuy, le sérieux nous oblige à nous battre pour la flexibilité, pour des ressources propres, pour une clause de révision, pour un budget qui, dans sa mise en œuvre, respecte les 960 milliards de crédits d’engagement. Bref, pour un budget à la hauteur des politiques que nous devons mener !